Dans l’obscurité, tu marches à tâtons.
La lune-repère brille de son absence.
C’est jour d’éclipse d’où cette béance.
Un Faune surgit, à la main un bâton.
Avec, il désigne ton sauf-conduit,
Un faisceau de lumière dans la nuit.
Au milieu de la forêt, dans une clairière,
Un rectangle blanc en suspension dans les airs.
Nul ne sait d’où vient le rayon.
Du monolithe se dégage
Une lumière irradiant le paysage.
Tu mets ton corps à l’abandon.
Dans cette blancheur aveuglante, tu pars en voyage,
De l’autre côté du miroir liquide traversé par Orphée ou celui à travers lequel s’évanouit Pandora,
Dans le trou où tombe Alice et rejoint le pays des merveilles,
Dans la tornade qui emporte Dorothy au monde de Oz,
Au fond du puits qui te conduit à la suite de Philémon sur les lettres de l’Atlantique.
Tu es le petit garçon de La Nuit du chasseur, caché sur la barque qui vogue au fil de la rivière, pour se cacher de l’Ogre qui le recherche.
Avec le hibou de la forêt, tu assistes aux dernières heures de Laura Palmer.
Tu es le crâne dans lequel le chef indigène de Jack-chien-des- îles plonge son regard dans les orbites vides, espérant y trouver trace de l’âme du défunt.
Tu découvres à ton tour « le spectacle des navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion et les rayons briller dans l’ombre de la Porte de Tannhauser », ces souvenirs qui faisaient pleurer le répliquant avant de mourir dans Blade Runner ; tu le comprends maintenant.
Tu navigues sur le réseau cyber O.W.L de Level 5, caché derrière ton avatar, car tu sais désormais où Laura est allée.
Ton masque est celui d’un oiseau, te faisant ressembler au Phantom of the Paradise.
Tu es sur la photo de fête de fin d’année de Shining aux côtés de Jack Nicholson.
Tu accompagnes les enfants blonds sur la route islandaise de Sans Soleil .
Tu es capable de connaître l’infiniment petit, là où aucune machine humaine n’a encore été capable de projeter l’œil humain. Tu rencontres le héros de L’homme qui rétrécit, toujours vivant, toujours en lutte contre son environnement, toujours rapetissant.
Les petites filles de Perdues dans New York, guidée par la Déesse Lune, t'emmenent avec elles dans les horloges des films de Jean Rollin.
Tu es la baleine qui voit dans les airs voler le bonhomme de neige tenant dans ses bras le petit garçon ébloui, tandis qu’une aurore boréale fait rougeoyer le ciel.
Tu es dans le moulin où le voleur Piège-à-Poule et le Cavalier suédois rencontrent le fantôme du meunier qui leur propose de les emmener dans les forges de l’Evêque avant que les deux hommes échangent leurs identités.
Tu es ce père de famille qui filme en Super 8 sa femme et ses enfants Sur la plage de Belfast, et dont le petit film de vacances sera retrouvé des années plus tard, par un cinéaste français, qui achètera la caméra dans laquelle la pellicule était restée après la mort soudaine du filmeur, jamais développée.
Dans la ruelle sordide où la prostituée de Bad Biology agonise dans un orgasme sans fin, tu la regardes jouir jusqu’au trépas puisque le Temps n’a pas d’emprise sur toi. Combien de temps son corps pourra-t-il tenir aux spasmes de plaisir qui électrisent tous ses organes intérieurs ?
Tu retrouves Mireille, la petite fille de Star Suburb, elle est devenue une vieille dame et vit dans une maison de retraite située au dernier étage d'un HLM dans l'espace.Ses rêves de devenir princesse ne se sont pas envolées.
Tu es le tourbillon qui menace d’engloutir l’embarcation du couple de L’Aurore, mais tu leur laisses la vie sauve pour recommencer leur vie.
C’est toi le conducteur du Camion de Duras qui sillonne dans la brume la banlieue parisienne, celle des zones commerciales enlaidies par les enseignes criardes et les préfabriqués hideux et qui pourtant se dévoilent devant ton pare brise comme le miracle d’une planète inconnue que tu traverserais, curieux et étonné.
Tu es là où se trouve l’agent spécial Chester Desmond, après qu’il ait disparu dans Twin Peaks - Fire Walk with me, et tu joues avec lui au jeu de Marienbad, et bien sûr, tu gagnes à chaque fois.
Sous les mers, des millions d’années ont passé maintenant, et toi aussi tu rencontres la fée Bleue à qui le petit garçon-robot de A.I. demandait d’exaucer le vœu de retrouver sa maman.
Sur la route en ligne droite se lancent dans une course effrénée les bolides de Two Lane Black Top. Tu es la pellicule qui s' embrase
jeudi 30 janvier 2014
mardi 28 janvier 2014
Un film rêvé
Tu te plonges dans les images du cinéma pour oublier les murs blancs qui t’entourent. Tu énumères les photogrammes mentalement, ils défilent verticalement comme la pellicule devant le projecteur, c’est ton esprit qui fait office de faisceau lumineux, projetant sur l’écran de ta mémoire les corps qui s’animent. C’est un film qui n’existe pas qui prend forme, une forme informe, composée de centaines, de milliers de moments prélevés dans les films vus par le passé. Quand tu les voyais ces films, tu ne savais pas encore que des années plus tard ils seraient encore en toi, ayant autant de puissance, soyons honnête avec nous même, plus de puissance, que tant de choses vécues et si évanescentes. D’aucuns tracent une frontière imperméable entre ce que l’on ferait dans la vie, et ce qu’on vivrait au cinéma qui ne serait en fait qu’un rêve, c'est-à-dire irréel. Certaines images résonnent pourtant plus en cet instant que des tas d’événements s’étant réellement produits, de centaines d’heures de conversation avec des amis. Oui tout ceci a peut être bel et bien existé, mais quelle trace en garde-t-on vraiment ? Un souvenir lointain, une idée brumeuse, peu de choses en fait. Un petit rien. Les images des films elles restent et pénètrent l’esprit pour s’y imprimer, y imposer leur empreinte. Une empreinte c'est-à-dire une marque en creux, la trace que l’image est passée, y a déposé sa forme par le vide (en négatif), puis s’est évaporée. Donc cette créature pelliculaire au montage abrupte et dénué de toute absence de logique est pourtant le plus beau des films, celui maladroitement composé comme un cadavre exquis aux collures maladroites et au rythme incertain.
samedi 25 janvier 2014
La belle et la bête (de Juraj Herz) par Christophe Gans
Le tout jeune Christophe Gans, pas encore vingt ans, se doutait-il en rédigeant cette critique du superbe "La Belle et la Bête" de Juraj Herz (Panna a netvor, 1979) qu'il réaliserait à son tour, presque 35 ans plus tard, sa propre version du fameux conte immortalisé au cinéma par Jean Cocteau ? Ce hasard est comme la rose à laquelle tient tant la Bête, une parure du Destin.
(Texte paru dans L'écran fantastique numéro 12, premier trimestre 1980)
(Texte paru dans L'écran fantastique numéro 12, premier trimestre 1980)
Libellés :
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mercredi 22 janvier 2014
Hivers et parcs
Souvenir d'une promenade dans un parc
C'était l'hiver dernier, j'étais avec toi
Les arbres nus, tu étais avec moi
Nature morte, vie intérieure élégiaque
Aujourd'hui encore je traverse un parc
Le froid coupant engourdit mes pieds
Le ciel gris et sombre célèbre janvier
Mêmes couleurs, mais le coeur se détraque
Il y a un an ensemble main dans la main au Parc de Saint-Cloud
Parenthèse enchantée enfermant un amour protégé
Desormais j'erre avec mon vide interieur dans les allées
Le parc traversé est celui de la maison des fous.
C'était l'hiver dernier, j'étais avec toi
Les arbres nus, tu étais avec moi
Nature morte, vie intérieure élégiaque
Aujourd'hui encore je traverse un parc
Le froid coupant engourdit mes pieds
Le ciel gris et sombre célèbre janvier
Mêmes couleurs, mais le coeur se détraque
Il y a un an ensemble main dans la main au Parc de Saint-Cloud
Parenthèse enchantée enfermant un amour protégé
Desormais j'erre avec mon vide interieur dans les allées
Le parc traversé est celui de la maison des fous.
jeudi 2 janvier 2014
mercredi 1 janvier 2014
2013
1- A la merveille (Terrence Malick)
2- Veronica (Griffin Dune) / My movie project (collectif)
3- Marilyn (Philippe Parreno)
4- Maniac (Franck Khalfoun)
5- Maalich (Thomas Jenkoe)
6- Cartel (Ridley Scott)
7- Lords of Salem (Rob Zombie)
8- L’image manquante (Rithy Panh)
9- La Danza de la realidad (Alejandro Jodowrowsky)
10- Un
documentaire sur mon père (Charles Habib-Drouot)
11- La
fille de nulle part (Jean-Claude Brisseau)
12- Haewon et les hommes (Hong Sang-soo)
13- 2 automnes, 3 hivers (Sébastien
Betbeder)
14- La Dernière fois que
j’ai vu Macao (Joao Pedro Rodriguez, Joao Rui Guerra da Mata)
15- La Granda
Belleza (Paolo Sorrentino)
10 chansons de 2013
Mendelson – “ D’un coup"
Arman Méliès – “Rose poussière“
Arnaud Michniak – “La lune nous voit”
Robi – “ On ne meurt plus d’amour “
Michel Cloup (duo) – “ Nous vieillirons ensemble “
Annie – “Invisible“
Pet Shop
Boys – “Fluorescent“
Daft Punk – “Giorgio
by Moroder“
Sexy Suhi – “Calvaire“
Bertrand Betsch – “Bruxelles”
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