A bientôt j'espère

(To Chris M.)

vendredi 28 décembre 2012

Top 2012



2012

1.      Twixt (Francis Coppola)
2.      L’âge atomique (Héléna Klotz)
3.      Cap Nord (Sandrine Rinaldi)
4.     Il n’y a pas de rapports sexuels (Raphaël Sibony, H.P.G.)
5.     Margaret (Kenneth Lonergan)
6.      The Deep blue sea (Terence Davies)
7.      The Secret (Pascal Laugier)
8.      Matins calmes à Séoul (Hong Sang-soo)
9.      Cosmopolis (David Cronenberg)
10.  Project X (Nima Nourizadeh)

11.  Total Recall (Len Wiseman)
12.  Gebo et l’ombre (Manoel de Oliveira)
13.  Cogan – Killing them softly (Andrew Dominik)
14.  Le Territoire des loups (Joe Carnahan)
15.  Bellflower (Evan Godell)
16.  Damsels in distress (Whit Stillman)
17.  Chronicle (Josh Trank)
18.  Vous n’avez encore rien vu (Alain Resnais)
19.  Je suis une ville endormie (Sébastien Betbeder)
20.  Un monde sans femmes (Guillaume Brac)




jeudi 18 octobre 2012

Flying Swords of the dragon inn (Tsui Hark)











Il y a une scène amusante vers la fin de Flying Swords of the dragon Inn. Un des personnages s’est fait passer pour un autre, et pour se faire reconnaître, il a donné à son sbire un mot de passe « Flying Swords of the dragon inn » (le titre du film) censé le distinguer de celui dont il a usurpé l’identité la. Sauf que le mot de passe est sorti du cercle restreint, et que la pléthore de factions et antagonistes qui se retrouvent dans l’assaut final de la l’auberge en question est au courant de celui-ci. Les protagonistes sont à l’image du spectateur : perdus entre tous ces groupes sans savoir qui sont les bons qui sont les méchants, qui doit combattre qui. Le valet donne le mot de passe en espérant que son maître le reconnaîtra… sauf que tout le monde se met à utiliser le code espérant que l’adversaire en face fasse in fine partie de son propre clan allié. Résultat, le mot ne sert à rien, la mystification est devenu si complexe qu’on est revenu au point de départ : tout le monde se bat sans vraiment savoir pourquoi.

Après le ripoliné Detective Dee, Tsui Hark revient à un film très hong kong style avec sa pléthore de personnages aux motivations obscures. Malheureusement la période Film Workshop est définitivement close et Tsui hark a l’air un peu seul désormais. Il lui reste de l’énergie à revendre mais on regrette ses collaborateurs du passé qui l’aidaient à être le génie qu’il fut. Ici il n’y pas plus grand monde pour épauler le maître entre une bande originale impersonnelle, une direction artistique laide, des effets digitaux voyants et une photo sans invention. Le spectacle n’est pas déplaisant pour autant, certaines joutes sont magnifiques, Tsui Hark a encore le sens du casting féminin comme l’atteste la superbe guerrière tartare et les vingt dernières minutes ont un charme serialesque indéniable.
Tsui Hark n'a pas perdu son talent à filmer de jolies filles

mardi 16 octobre 2012

Mon rêve d'Alfortville


Le Théâtre-Studio d'Alfortville est une magnifique salle établie dans une ancienne usine. Salle magnifique certes, mais nue comme un vers. Pas de scène, les acteurs jouent à même le sol, pas de décors possibles si ce n’est celui de bâtiment avec ses poutres apparentes. Le public est assis sur des sièges en gradin pouvant contenir une centaine de personnes maximum. Les acteurs se tiennent à quelques centimètres du premier rang. C’est l’essence même du théâtre qui se joue là, où l’on doit faire semblant que ce mur blanc est une forêt mystérieuse ou que ce fauteuil Ikea là bas est la chaire d’un Roi. Comme il n’y a pas de rideau, il arrive souvent que les spectateurs s’installent pendant que les acteurs sont déjà dans le « décor ».

Ce théâtre qui ne ressemble pas à une salle traditionnelle mais qui par sa pureté en est un plus que n’importe quel autre était le lieu idéal pour accueillir la création de Mon rêve d’Alforville, pièce de théâtre qui n’était pas destinée à l’être au départ mais qui à l’arrivée en est indéniablement une, et de la plus belle espèce. Lorsqu’on entre dans la salle, ils sont sept sur scène, sept habitants d’Alfortville, quatre hommes et trois femmes d’âges variés, habillés de la façon la plus banale qui soit (« banale » n’est pas peut être pas le bon terme, en tout cas ce sont leurs vêtements quotidiens et pas des costumes). Ils disent bonjour au gens qui arrivent, sans manière, comme n’importe qui serait accueillie à, disons, une réunion. Lorsque tout le monde est assis, la lumière ne bouge pas. Et chacun des sept acteurs se met à raconter comment ils se sont retrouvés à travailler avec Stéphane Schoukroun , concepteur de la chose (et comédien professionnel, non alfortvillais), eux qui n’avaient rien à voir avec le monde du théâtre. Il y a un an, ils ont eu connaissance par petite annonce que quelqu’un cherchait à monter un spectacle autour des habitants et leur ville. Des gens sont venus, partis, certains sont restés. Pendant un an, ils se sont retrouvés tous les lundis, sans parfois savoir la finalité de la chose, à évoquer Alfortville et leur rapport à leur ville. La plupart n’allaient pas au théâtre, Babeth, Alfortvillaise de longue date, se souvient être venue au Théâtre Studio il y a quinze ans et s’y être fermement ennuyée. Hughes était étudiant depuis un an à Alfortville et a vu en face de son studio, par la fenêtre, l’écriteau « Théâtre Studio » qui l’a intrigué. Enfin bref, voilà, un spectacle est né de ces réunions, un spectacle qui n’en est peut être pas vraiment un nous avertit- on, et la représentation va commencer. Evidemment, nous sommes déjà entrés de plein pieds dans la pièce et peut être que ces propos ne sont pas les leurs, peut-être sont-ils la synthèse des dizaines de témoignages recueillis durant cette année, peut-être… Ca commence maintenant pour de vrai, donc « pour de faux ». La lumière est tamisée. Nordine parle de son arrivée à Alfortville, étudiant venu en France après une enfance heureuse à Alger dans la Casbah et le choc thermique qu’il a connu. Les anecdotes se multiplient. Les acteurs ne jouent pas vraiment en tout cas ne donne pas l’impression d’être en représentation. Ils sont maladroits, buttent sur les mots… mais peut être ce volontaire tant petit à petit, chacun des sept comédiens si fragile au début impose sa présence, sa voix, raconte une histoire qui va en contradiction avec une autre racontée plus tôt, preuve que ces corps sont l’expression d’une multitude voix, et que ces alfortvillais sont des comédiens. Il y a des pauses historiques, comme ce moment où on lit la demande des conseillers généraux du quartier d’Alfortville, en 1885, de devenir une commune indépendante de Maisons-Alfort, dont elle était à l’origine un quartier prolétaire. L’anecdotique devient historique, le théâtre documentaire. Cette approche pointilliste de la ville finit petit à petit par transformer la pièce en une rêverie sur son rapport à sa ville et au monde, puisqu’on parle de beaucoup d’autres endroits qu’Alfortville (Paris qu’il faut quitter la mort dans l’âme parce qu’il faut s’agrandir, le Maghreb, les communautés portugaises, arméniennes, maliennes intégrées à la ville). Les problèmes sociaux prennent une part importante. Que faire quand une barre d’immeuble doit être détruite pour désenclaver un quartier et qu’on a passé quarante de sa vie là bas ? Comment vivre dans la même ville mais ailleurs ? La pièce se veut réflexive et le travail qui a présidé à sa création est sans cesse remis en question. Un des personnages essaie à un moment de composer un texte qu’il lit à haute voix pour tenter une approche plus poétique de la cité, un autre lui répond qu’il est là pour être prosaïque et parler de la ville, pas pour faire du théâtre. Un autre se plaint que le ton est trop positif et que tout ceci manque de nerf et de critique. Mon rêve d’Alfortville a évidemment un regard bienveillant sur la ville, mais pas niaiseux. La multiplication des points de vue, la richesse de l’approche aussi bien sociologique, théâtrale, urbanistique, historique, documentaire… donne un éclairage subtil de la réalité d’une ville, complexe dans son histoire et dans sa géographie, dans son rapport à l’Ailleurs.

vendredi 12 octobre 2012

Gebo et l'ombre (Manoel de Oliveira)



L'ombre de l'Oncle Vania plane sur le film...

Un bateau genre cargo est à quai. L'éclairage est tamisé, les tons mordorés. Un homme regarde le bateau puis disparait. Les crédits du génériques s'inscrivent alors sur l'écran. C'est le "Money Shot" du film, le plan le plus spectaculaire, celui qui va donner au film sa tonalité esthétique et décrire un horizon impossible à dépasser, celui du port, dont on ne part pas. L'appel du grand large sera pour un autre jour, pour l'instant, c'est la nuit qui tombe.
Pour faire entrer le monde, il suffit à Manoel de Oliveira d'une maison, mieux, d'une pièce - la cuisine, voir de moins de choses encore, une simple table autour de laquelle toutes les scènes vont se dérouler.  Le monde est un théâtre et rarement on aura eu l'illustration de cette sentence devant ce film, à la fois pauvre formellement et pourtant d'une densité à nulle autre pareil. Tout le monde est las. Gebo compte ses pièces en évitant de penser à la chute de sa famille, du monde. Sa femme est interprétée de façon outrancière et assez effrayante par Claudia Cardinale, la beauté fânée, la laideur presque exacerbée. Le fils rebelle, disparu, qu'on pense mort ou malade, réapparait, mais dont la prose révolutionnaire semble poseuse et le dernier geste, un vol, criminel. Le film est désespéré, tragique... et pourtant... sa sérennité, sa simplicité font que Gebo et l'ombre n'apparaît jamais misanthrope. Seulement d'une grande lucidité.

mercredi 26 septembre 2012

Les mains d'Andrea, Sébastien Betbeder



Andréa (Jerzy Radziwilowicz) est un guérisseur. Il va chez ses patients, appose ses mains sur leurs corps pour les soigner. Mais Andréa est las… il n’arrive plus à soigner les nouvelles pathologies et prend la décision d’arrêter. Il se confie auprès de celui qui l’a poussé dans cette voie, Michael Lonsdale. Ce dernier lui explique qu’il a failli lui aussi abandonner après être tombé amoureux d’une femme. Mais après plusieurs mois, il a mis fin à cette relation pour revenir à son activité. Il est spur qu’Andrea reviendra sur sa décision. Andrea, qui a arrêté son activité, rencontre par hasard une ancienne connaissance, Yann Colette, qui vit à l’hôtel. Celui-ci lui raconte sa triste histoire, son amour passionnelle pour Jeanne, leur vie dans une grande maison prêt d’une forêt, retapée pendant deux ans, la disparition soudaine de Jeanne, victime d’une maladie du cœur non diagnostiquée, son désespoir, sa fuite de la maison. Lorsqu’Andrea raconte son passé de guérisseur, son ami lui demande de l’aider et de poser les mains sur son visage pour lui faire oublier son amour perdu. Andrea refus. Il accepte toutefois à sa demande de se rendre à la maison pour débarrasser les affaires de Jeanne. Il traverse des bois, va dans la maison. Dans la chambre, Jeanne est là, ou son fantôme. Une histoire va se nouer entre elle et Andrea.

Beau film triste, décharné, qui ressemble un peu à Histoire de Marie et Julien de Rivette (Jerzy Radziwilowicz était déjà le héros de ce film) ou à un film de Garrel (la présence de Yann Colette n’étant pas étrangère à ce rapprochement). Rien ne distingue les fantômes des humains. Ou plutôt, les humains ont l’air aussi absent au monde que les fantômes. Lors de sa carte banche en mars dernier au forum des images, le réalisateur Sébastien Betbeder, avait choisi comme film pour accompagner certaines de ses oeuvres, Picnic à Hanging Rock de Peter Weir. La filiation est évidente, tant Betbeder, comme Weir filme le monde comme un entre deux, entre le monde des (pas encore) morts et celui des (plus tout à fait) vivants. Ajoutons que Jeanne est incarnée par Nathalie Boutefeu, comédienne trop rare, et assez sublime.

mardi 25 septembre 2012

Hommage à Chris Marker à la Cinémathèque





Soirée hommage hier à la Cinémathèque. Serge Toubiana, directeur du lieu, a évoqué la présence la semaine passée d'Alain Resnais présentant son dernier film Vous n'avez encore rien vu, évoquant un film enregistrant la présence de fantôme, et faisant un parallèle avec la cinémathèque, lieu où les fantômes du passé sont encore là.

Costa-Gavras a narré sa rencontre avec Marker, le croisant chez les Montand. Il lui fit lire le scénario de L'aveur et Marker lui dit "je veux en être, que puis je faire"? Gavras lui aurait proposé de jouer dedans, ce que Marker refusa tout de net, et lui proposa plutôt de faire photographe de plateau. On se souvient que Marker réalisa un reportage sur le tournage du film "On vous parle de Prague : le deuxième procès d'Artur London". Gavras espère un jour proposer une exposition des photos de tournage de Marker.

L'écrivain et producteur anglais, Colin McCabe, auteur d'une biographie de référence sur Godard, raconta sa collaboration avec Marker, sur l'exposition Hollow Men (2005), une histoire du vingtième siècle dont seul le prélude sortit de terre sous la forme d'une installation, et narra une journée funeste pour lui, où il dû venir à Paris chez Marker, lui annoncer que sa négocation des droits des poèmes de T.S. Elliot avait finalement échouée, provoquant la perte de six mois de travail. Selon lui, Marker lui dit quelque chose comme "c'est pas grave" et Marker aurait écrit dans les jours qui suivirent un poème de remplacement écrit de sa main. L'anecdote mériterait d'être développée car nous ne sommes pas sur d'avoir tout compris aux explications de McCabe et l'exposition eut bien lieu avec le poème d'Elliot (quid du poème de Marker ?).

Catherine Belkhodja raconta sa rencontre avec Marker, alors jeune fille, lors d'une projection à Paris de L'ambassade, séance organisée par Dominique Païni. Elle le retrouva des années plus tard, et leur première collaboration fut L'héritage de la chouette.

Un homme raconta qu'il avait à l'âge de huit ans tourné dans L'ambassade, et qu'il avait dessiné des baleines pour Marker pour le court métrage Vive la baleine (projet initié et conçu par Mario Ruspoli, auquel Marker collbora en écrivant la voix off et en supervisant le montage . Cf. les souvenirs d'Anatole Dauman dans son autobiographie). Devenu chef cuisinier, l'homme invitait parfois Marker, seulement en petit comité, Marker détestant le monde.

Benjamin Rassat, réalisateur d'un documentaire conscré au coureur Alain Mimmoun, remercia Marker de l'avoir autorisé à utiliser dans son film des images qu'il avait filmé aux jeux olympiques de 1952 pour son film Olympia 52. Rassat raconta comment il échangea des mails avec Marker et lui demanda longtemps à le rencontrer afin d'effectuer un sujet sur le montage en partant du Clip Stress de Romain Gavras (que Marker avait défenu dans un billet) mais Marker répondait à chaque fois qu'il n'avait pas le temps.

Michel Legrand rendit hommage à Marker via une vidéo. Il narra un voyage vers la Russie en bateau où il se trouvait dans la cabine de Marker, mais cette première rencontre fut froide.  Il se retrouvèrent des années plus tard, via Agnès Varda et Jacques Demy, alors que Legrand travaillait sur Les Parapluies de Cherbourg. Demy et Legrand craignaient la catastrophe pour le film, mais Marker leur assura que ce film connaîtrait "le succès public et critique en même temps, dès sa sortie". Legrand écrivit la musique du Joli mai en improvisant, sans voir aucune image du film. Marker lançait des phrases cryptiques comme "cette étoile est plus grosse que l'autre" et Legrand jouait du piano. Legrand expliqua avec son oeil facétieux. que Marker l'appela ensuite pour lui dire "Les morceaux que tu as joué ont la durée exacte des séquences sur lesquelles elles devaient aller, c'est un miracle, vraiment un miracle". (ce qui rappelle cette anecdote d'Yves Simon qui raconta un jour que Marker aimait lui dire "Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des miracles).

On revit l'extrait du documentaire d'Agnès Varda De çi de là, dans l'atelier de Marker. Cerise sur le gateau, quelques prises non utilisées furent montrées. Marker montrant tous les livres inclus dans son téléphone portable, et son plaisir à lire des poèmes dans la fille d'attente des magasins alors qu'il déteste ça, Marker déposant à la caisse d'une FNAC la photo dans une enveloppe d'une vendeuse pour qu'elle tombe dessus.

Furent projetés en première partie : Leila Attacks! ; L'ambassade (sans son !) ; Junkopia ; Slon Tango ; Detour Ceaucescu ; Silent movie (20 minutes, en fait, le module "Le Voyage" de l'installation Silent Movie). En deuxième partie : Sans Soleil ; Mémoires pour Simone.

Tout cela sentait quand même l'organisation un peu bâclée : L'ambassade fut projeté sans bande son (à part le début), devant les cris de la salle, la projection fut interrompue quelques secondes avant la fin... nous ne profitâmes donc pas de la "chute" (le plan sur la Tour Eiffel). Les travaux montrés dans la première partie appartenaient pour beaucoup aux bricolages de Marker. Si on trouve certains magnifiques, comme Junkopia, les montrer comme ça, à la suite donnait une image un peu superficiel de ses films.

Quant aux discours, on regrette que peu d'interlocteurs aient expliqué en quoi son oeuvre était complexe, proteiforme et génial, les témoignages consistaient la plupart en des anecdotes personnelles dans lesquelles chacun voulait montrer en quoi il faisait partie de tel ou tel cercle de connaissance de Marker. Ceci dit, pour être juste, il ne tenait qu'à nous d'aller saisir la parole lorsque l'occasion nous fut offerte, puisque chacun était libre d'aller donner son témoignagne. Malheureusement, la timidité nous en empêcha.







lundi 24 septembre 2012

"Eut-elle été criminelle..." Jean-Gabriel Périot

Une femme tondue à la libération
On connaît tous l'histoire de ces femmes, en 1944, ayant eu des liaisons avec l'envahisseur allemands dont les cheveux ont été rasées à la Libération. On en a entendu parlé sans vraiment qu'on ait jamais mis des images sur la chose. Jean-Gabriel Périot, à l'occasion d'une installation sur la seconde guerre mondiale, a retrouvé des images vidéos de ces scènes. Peu si l'on en croit le cinéaste qui a monté l'intégralité des rushes retrouvées (soit moins de quatre minutes). Leur vision est fracassante.

Le film commence par une première partie montrant des images d'archives de la libération, montées sur la marseillaise. L'image revient en arrière, et remonte le cours du temps, toujours grâce aux archives. pour revenir aux origines du conflit. Au milieu du court-métrage, on revient aux scènes de libération, et à ces fameuses archives, dans lesquelles, des femmes, de tous âges (c'est une des choses qui nous surprend, de voir des femmes d'un âge avancé parmi les victimes), le regard hébété, sont tondues par une foule joyeuse. Sur la bande son rugit La Marseillaise, chantée par Mireille Mathieu. Visions obscènes que de voir de telles scènes se produire, l'homme en meute, bestial, conquérant, sans pitié. Et ces femmes, rigides, sans larmes, le regard vide, la stature droite, comme sidérées par ce qui en train de se produire. L'utilisation de l'hymne français par Mireille Mathieu est violente : c'est sa version grotesque, marquée par l'ère Sarkozy. On sent bien que le cinéaste a voulu un moment honteux de la France, mais que ce moment a une symbolique présente, que cette honte qu'on peut éprouver vis à vis de notre pays à tel ou tel instant. Impressionnant.

vendredi 21 septembre 2012

Flying Swords of the dragon gate (Tsui Hark)




 Il y a une scène amusante vers la fin de Flying Swords of the dragon Gate. Un des personnages s’est fait passer pour un autre, et pour se faire reconnaître, il a donné à son sbire un mot de passe « Flying Swords of the dragon gate» (le titre du film) censé le distinguer de celui dont il a usurpé l’identité. Sauf que le mot de passe est sorti du cercle restreint, et que la pléthore de factions antagonistes qui se retrouvent dans l’assaut final de l’auberge en question est au courant de celui-ci. Les protagonistes sont à l’image du spectateur : perdus entre tous ces groupes sans savoir qui sont les bons qui sont les méchants, qui doit combattre qui. Le valet donne le mot de passe en espérant que son maître le reconnaîtra… sauf que tout le monde se met à utiliser le code espérant que l’adversaire en face soit fasse partie de son propre clan. Résultat, le mot ne sert à rien, la mystification est devenu si complexe qu’on est revenu au point de départ : tout le monde se bat sans vraiment savoir pourquoi.
Après le ripoliné Detective Dee, Tsui Hark revient à un film très hong kong style avec sa pléthore de personnages aux motivations obscures. Malheureusement, la période Film Workshop est définitivement close et Tsui Hark a l’air un peu seul désormais. Il lui reste de l’énergie à revendre mais on regrette vivement ses collaborateurs qui l’aidaient à être le génie qu’il fut. Ici il n’y pas plus grand monde pour épauler le maître entre une bande originale impersonnelle, une direction artistique affreuse, des effets digitaux voyants et une photo sans invention. Le spectacle n’est pas déplaisant pour autant, certaines joutes sont magnifiques, Tsui Hark a encore le sens du casting féminin comme l’atteste la superbe guerrière tartare et les vingt dernières minutes ont un charme serialesque indéniable. Mais la magie n'opère plus que par intermittence.



Tsui Hark n'a pas perdu son talent à filmer de jolies filles
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jeudi 20 septembre 2012

Je suis une ville endormie






Le film commence par une explication des origines du Parc des Buttes-Chaumont. Date de création, superficie, nombre de visiteurs par an…. Une vraie fiche Wikipedia. L’image montre des dessins du parc ainsi que des archives filmées en Noir et Blanc du début du vingtième siècle. Le documentaire innervera à plusieurs reprises la fiction : par le biais d’autres images d’archives de la même époque montrant les parisiens venant se détendre ou pratiquant quelques exploits saugrenus (comme sauter en parachute du pont des suicidés 27 mètres de haut devant la mine réjouie de femme et enfant ou longer la passerelle suspendu à bout de bras). Au mitan du métrage, un psychiatre raconte l’histoire d’un homme qui, pour se rendre à son travail, traversait tous les jours le parc. A la faveur d’un déménagement, l’homme s’est mis à dépérir. Aucun médecin ne comprenait les raisons de cette dépression sévère jusqu’ç ce le psychiatre en question, étudiant, tente l’expérience de le faire revenir au parc. Et là miracle, l’homme s’est peu à peu mis à retrouver goût à la vie. Le réalisateur Sébastien Betbeder cherche donc à capter les mystères de cet endroit, les forces invisibles qui l’habitent, partant du documentaire pour arriver ensuite à suggérer la puissance fantastique du lieu, comme l’atteste une confrérie de jeunes gens qui passent leur nuit dans le parc pour capter l’énergie du parc. Betbeder navigue entre réel et imaginaire et magnifique le parc des Buttes Chaumont, le lieu devenant une sorte de sanctuaire païen, hanté par des figures marginales (dont un SDF qui parle anglais) et des chercheurs bizarroïdes. Les héros du film sont deux jeunes gens, Ana et Théo, qui le soir de leur rencontre passent la nuit dans le parc et y font l’amour. Ils deviennent obsédés par le parc, surtout Théo qui veut y passer toutes ses nuits. A mesure que cette obsession augmente, l’état physique de Théo se dégrade : il a des crises de respiration sévère et manque de mourir étouffé à plusieurs reprises. Le parc devient le seul endroit où il s’épanouit. Betbeder manie les signes : le hibou tutélaire du parc disparait à mesure que le pouvoir du parc devient destructeur. Le cabinet abandonné où les amants se retrouvent trouve une existence antérieure dans les peintures de De la tour reproduites dans le livre qu’offre Ana à Théo pour son anniversaire (notamment son célèbre « Madeleine pénitente à la flamme filante »). Le choix de l’actrice Agathe Bonitzer semble avoir été conduit par le fait que de dos, avec ses cheveux blonds vénitiens, elle ressemble à la madeleine du tableau. Pourquoi alors que ce film qui a tout pour séduire et fait preuve d’une belle ambition laisse-t-il un peu insatisfait ? Cela réside, comme dans les autres films de Betbeder, à sa difficulté à incarner ses personnages principaux. Les deux héros sont un peu falots et paraissent très conventionnels, surtout au regard du monde fantastique dans lequel ils sont plongés.

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Je suis une ville est le titre d'une chanson de Dominique A... On se souvient que dans la dernière scène de La vie lointaine, le héros chansait A capella Le Courage des oiseaux.

Je suis une ville endormie a visiblemnt été retiré de la bio officielle de Sébastien Betbeder pour être retitré Les nuits avec Théodore, visiblement une version allongé de huit minutes (67 mins au lieu de 59 min) de ce moyen métrage, présentée récemment comme un long métrage au festival de Toronto.


mardi 18 septembre 2012

La Terre tremble (c'est ce qu'elle a de mieux à faire)


Roland Garros, finale, 1989 : Ivan Lendl vs Michael Chang.
Sébastien Betbeder est un cinéaste français passionnant, auteur de plusieurs moyens-métrages et de deux longs-métrages (courts), l’un sorti discrètement en 2007, Nuage, l’autre à venir (Les nuits avec Théodore, en fait la version étendue de son moyen métrage Je suis une ville endormie diffusé sur Arte en juin dernier). Il est également l’auteur de fictions radiophoniques qui recoupent ses obsessions ainsi qu’on l’entend dans La Terre tremble (c'est ce qu'elle a de mieux à faire), 4 épisodes de 24 minutes, diffusés sur France Culture en 2008.

Deux frères : Bastien tente de finir son premier roman ; Roman, tennisman professionnel, craque et abandonne en plein match sa carrière devant un public médusé. Leur père meurt soudainement d’un arrêt cardiaque. Les deux frères regagnent Bordeaux chacun de leur côté, Bastien avec sa compagne Chloé, Roman prend le train et fait la rencontre d’Aurélia, qui a quitté son mari pour retrouver un ancien amour sans savoir ce qu’il est devenu ni même si elle est encore amoureuse de lui. Arrivée à la maison familiale, retrouvailles avec la mère (Aurore Clément) qui raconte les derniers instants du père (joué par Michel Robin). Rencontre avec un ami du père défunt, sismologue vivant au Japon et père d’une fille, Kaori, qui habite en France. La nuit avant l’enterrement, la petite équipe va rester la nuit, prêt de la forêt à guetter l’apparition de moines légendaires qui font effectivement leur apparition. Michael Chang, l’idole de Roman, celui à cause de laquelle il avit décidé à douze ans de devenir tennisman, apparait également pour l’inciter à avancer dans la vie…

Sur le papier, l’histoire a l’air rocambolesque. C'est parfois même assez déroutant tant Betbeder multiplie les signes presque pittoresques pour en faire des choses assez simples au final : le sismologue, la fille franco japonaise, le frère tennisman, une légende liée aux moines associée à une seconde légende les concernant, un roman qui ne trouve pas sa fin...  Tous ces éléments frappants ne trouvent pas forcément de raisons d'être et fonctionnent plutôt comme des outils destinés à mettre en éveil les sens de l'auditeur. L'approche de Betbeder est très douce, presque chuchotée, tout semble normal et évident, même l’apparition du tennisman américain qui mit Ivan Lendl en déroute lors d'une finale mythique à Roland Garros. Betbeder cherche à montrer l’invisible et celui prend soudain une forme réelle pendant quelques instants, comme si nous étions entourés de fantômes qui émergent dans certaines circonstances. La mort n’est pas si grave. Le père existe ainsi dans la fiction puisqu’on l’entend dans des flash-back. Contrairement au cinéma où le flash back est souvent clairement montré comme un moment du passé par un indice visuel quelconque (couleurs délavées ou en noir et blanc) à la radio, la voix est au présent et donne donc l’impression que le personnage est tout aussi là que le sont les héros, les moines spectraux ou Michael Chang. Le monde de Betbeder est dans cette façon de faire se rencontrer des mondes parallèles avec une évidence presque banale.

lundi 17 septembre 2012

A propos de "A propos de la Grèce"





Une mer bleue étale, un paquebot. Depuis Film Socialisme de Jean-Luc Godard, cette image nous semble être la métonymie de la Grèce, et le naufrage du Costa Concordia au large de l’Italie l’a accréditée ainsi.

A propos de la Grèce date de 1985, a été tourné en 1983, et le réalisateur Gérard Courant filmait déjà ces plans de mer et ces bateaux blancs au milieu de l’étentue bleutée. Mais A propos de la Grèce est un film d’avant la crise, d’avant la catastrophe, un film solaire où tout n’est que beauté et grâce.

Ce film est le résultat d’un voyage de deux mois en Grèce, où Courant, armée de sa caméra super 8 mm a vécu une intense histoire d’amour. On ne voit rien de cette relation (si ce n’est quelques plans d’une femme nue au bord de la mer), le film captant le reste, c'est-à-dire les paysages, la mer, l’eau, le soleil, les reflets du soleil sur la mer (qui reviennent à rythme régulier pendant tout le film), la lune, les nuages, des silhouettes, des mots écrits sur du papier à lettre, les remparts d’un château, des routes, des côtes, des montagnes, des ombres… A propos de la Grèce est un film enjoué, solaire, aux couleurs chaudes, une sorte d’épiphanie permanente où toute chose se trouve magnifié par le regard exalté de celui qui les regarde.

La bande son ne contient aucun dialogue, et mélange divers morceaux classiques. En arrière-son (comme on dirait en "arrière-plan"), on entend un bruit métronomique incessant qui pourrait ressembler à celui d'un moteur de bateau. Ce son intervient à partir de la cinquième minute, sur des plans rapides d’éclaboussures d’eau, sans doute celles provoquées par l’avancée du bateau où se trouve le réalisateur. Le bruit est agaçant avant que sa persistance ne fasse entrer le spectateur dans une sorte d’état hypnotique, comme le ferait le roulis d’un navire.

Cette beauté permanente ajoutée à la texture de la pellicule 8 mm nous plonge aussi dans une certaine mélancolie. On se dit que si ces choses sont si belles, peut-être ne sont elles plus là puisque le montage enregistre une captation du passé. Ceci a bien existé puisque ça a été enregistré et pourtant, le film a l'épaisseur du rêve.

Les dernières images montrent un bateau s’éloigner des côtes grecques, le voyage s’achève.

samedi 15 septembre 2012

Ghost Rider et Fragonard


Ecorchés vifs de Honoré Fragonard (cousin du peintre Fragonard)
Ecole vétérinaire, Maisons-Alfort 

mardi 11 septembre 2012

TWO HANDS, entretien avec Gregor Jordan



Rose Byrne et Heath Ledger

Entretien avec Gregor Jordan (2010) 

Two Hands, tourné en 1998, est le premier film de l’Australien Gregor Jordan. Cinéaste à la carrière éclectique, il a depuis réalisé Buffalo Soldiers, Ned Kelly, The Informers et No Limit. Retour sur le film qui a révélé Heath Ledger, pour la première fois disponible en DVD et en Blu-ray.

Avant de réaliser Two Hands, avez-vous fait une école de cinéma ?

Non, je n’ai pas fait d’école de cinéma. J’ai d’abord écrit des courts-métrages jusqu’à ce que je sois en mesure d’en réaliser un. Le premier fut Swinger, en 1995. J’ai eu de la chance puisque que ce court a reçu un accueil positif d’abord en en Australie (différents prix dans des festivals) puis dans des festivals internationaux. Il a reçu le prix du jury court-métrage au Festival de Cannes 1995. Cet accueil positif m’a donné la confiance nécessaire et m’a permis d’obtenir les contacts pour commencer une carrière de réalisateur, et donc de tourner mon premier film, Two Hands. Pendant ce temps, j’ai également travaillé à la télévision australienne, notamment sur des séries telles que Twisted Tales, Big Sky ou Raw FM pour lesquelles j’ai réalisé des épisodes.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit le scénario de Two Hands ?

A l’époque, j’avais un bureau à King’s cross, à Sydney, là où se déroule la majeure partie de l’action. Je regardais par la fenêtre et j’écrivais en regardant les gens dans la rue. Après un premier jet, j’ai passé trois ans à réécrire le scénario. Lors de mon voyage à Cannes pour présenter Swinger, j’ai loué une chambre d’hôtel à Paris, à Odéon. J’étais inspiré par les grands écrivains tels que Ernest Hemingway ou Oscar Wilde qui passèrent des semaines à Paris dans leur chambre d’hôtel à taper sur leur machine à écrire. Plusieurs des meilleures scènes de Two Hands furent écrites dans la capitale française.

A-t-il été difficile de réunir les fonds ?

C’est toujours difficile de réunir les fonds pour un film et ce fut le cas pour celui là. Cela a pris plusieurs années pour avoir le budget nécessaire. Nous avons tout de même la chance en Australie d’avoir une industrie cinématographique qui reçoit des aides gouvernementales.

Comment avez-vous choisi Heath Ledger pour le rôle principal ?

J’ai toujours su que trouver un acteur pour jouer le personnage principal serait difficile. C’est un personnage qui commet beaucoup d’erreur, fait des choses absurdes, mais on doit avoir de la sympathie pour lui malgré tout. Dans mon cercle d’amis, plusieurs personnes m’ont parlé de Heath Ledger, mais je ne le connaissais pas. Je n’ai donc pas écrit le film en pensant à lui. Il a passé une audition pour le film à Los Angeles et on m’a retourné la cassette à Sydney. Dès que j’ai vu cet essai, j’ai tout de suite su qu’il serait parfait et qu’il avait l’étoffe d’une star. Je suis parti à L.A., nous nous sommes rencontrés et ça a tout de suite collé entre nous. Il avait dix huit ans à l’époque.

Le tournage fut-il difficile ?

Le tournage s’est déroulé sur huit semaines, dans des circonstances climatiques difficiles. Le film est censé se dérouler un jour d’été très chaud, c’est important pour l’histoire puisque le héros décide à un moment crucial d’aller se baigner. Nous avions donc besoin un temps chaud et ensoleillé pour que ça fonctionne. Malheureusement, non seulement nous avons dû tourner pendant l’automne, mais en plus c’était l’automne le plus pluvieux depuis quarante ans ! Nous devions donc systématiquement sur-éclairer les scènes en extérieur pour que ça donne le change. Ca m’angoissait terriblement parce je craignais que le film ait une image atroce mais au final, ça a donné une photo stylisée qui, je crois, marche bien.

Le début du film est celui d’un film fantastique. Comment vous est venue cette idée d’introduire l’action avec cette figure tutélaire du frère mort du héros qui sort de sous la terre ?

J’étais très intéressé par l’idée d’avoir un Chœur comme dans Henry V - un narrateur qui s’adresse directement aux spectateurs. J’aimais aussi les films comme Le retour des morts vivants ! J’ai décidé de combiner les deux.

Le film mêle romance, action et quelques éléments fantastiques. Le bon équilibre a-t-il été long à trouver ?

Le montage fut difficile comme l’est tout montage. On m’a justement beaucoup reproché ce personnage du frère mort, j’ai même dû monter une version en le supprimant complètement du métrage. Mais ça retirait au film cette impression du Destin en marche qui permettait de rendre crédible certaines coïncidences. On l’a donc réintroduit mais plus brièvement. C’était un travail subtil pour que tous ces éléments fonctionnent ensemble.

Quels étaient vos films de référence ?

Miller’s crossing, Les affranchis, Pulp Fiction et beaucoup d’autres films. Mais mon inspiration majeure vient de plusieurs livres d’histoire à propos des gangsters à Sydney dans les années quatre-vingts. Les gangsters australiens ont quelque chose d’unique qui n’avait jamais été montré au cinéma avant.
Outre Heath Ledger, vous avez eu la chance de travailler avec un acteur confirmé, le formidable Bryan Brown et une inconnue Rose Byrne, qui allait avoir une carrière brillante par la suite…

Bryan Brown m’a donné mon premier travail de réalisateur à la télévision, c’est lui qui m’a engagé pour tourner un épisode de la série Twisted Tales sur laquelle il était producteur. Il jouait aussi dans cet épisode, nous sommes bien entendus sur le tournage et sommes restés en contact. Quand il a été question de Two Hands, il a tout de suite accepté de tourner dedans et c’était rassurant d’avoir un ami sur le plateau. Rose Byrne était sortie de nulle part mais ça se voyait tout de suite qu’elle avait beaucoup de talent. Elle avait un grand sens de l’humour qui permettait de donner à son personnage une forte personnalité.

Un montage plus long que celui sorti en Australie (et présenté aujourd’hui sur ce dvd et Blu-ray) a été projeté au Festival de Sundance en 1999. On le trouve sur le dvd anglais sans que ce soit mentionné. Pourquoi ?

En Australie, quand on tourne des films à petit budget, on n’a pas le luxe de pouvoir organiser des projections tests pour vérifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Cette présentation au festival de Sundance a été la première occasion de montrer le film à un public. Il était alors évident que le film était trop long et j’ai coupé huit ou neuf minutes avant qu’il ne sorte. Il marche mieux ainsi. Mais je n’ai jamais su pourquoi le dvd anglais proposait cette version….

Par la suite, vous avez tourné un autre film avec Heath Ledger, Ned Kelly. Avait-il changé entre temps ?

Heath et moi étions restés proches. C’était formidable de travailler avec lui sur Ned Kelly. Le changement majeur était qu’il était devenu entre temps une star hollywoodienne, et il était beaucoup plus expérimenté comme acteur.

Depuis Two Hands, vous avez réalisé plusieurs autres longs-métrages. Douze ans plus tard, quel regard jetez-vous sur votre premier film ?

Je ne l’ai pas revu récemment. C’est étrange d’en parler. Beaucoup de gens en Australie me disent l’aimer et je suis très content d’entendre ça, mais j’ai tellement le sentiment qu’on me parle d’un autre temps, d’une autre vie…

Vos derniers films ont été tournés à Hollywood. Avez-vous l’intention de refaire un film en Australie ?

Je travaille actuellement sur deux projets de film en Australie. L’un est une comédie romantique de déroulant entre Sydney et Shangaï, intitulée Five Spice. J’espère tourner avant la fin de l’année.

Pour conclure, avez-vous quelques mots au sujet de Heath Ledger, disparu tragiquement depuis…

Ca m’est plus facile de parler de lui avec le temps qui passe, mais il me manque terriblement. Après Two Hands, qui était pour tous les deux notre premier film, lui et moi sommes partis en Amérique, on se suivait l’un l’autre. Heath a toujours été fier de Two Hands, et même à ses débuts alors qu’il n’était pas très connu aux Etats-Unis, il essayait toujours de montrer au gens notre film.











samedi 8 septembre 2012

Stéphane Drouot / Jérôme Braque



Stéphane Drouot, réalisateur de l'inoubliable Star Suburb, a, paraît-il, réalisé des collages jusqu'à la fin de sa vie.

Sa première création diffusée était la pochette du 45 tours, en 1981, de l'hilarante chanson potache JEANETTE de Jérôme Braque (clip dispo sur Youtube, guest-starring Sophie Duez).

jeudi 6 septembre 2012

Chris Marker de face





http://www.ina.fr/video/CAF97519247/prix-lumiere-a-chris-marker.fr.html
Sur le site de L'INA, on trouve ce document muet et bref (27s), dans lequel le jury du prix Louis Lumière vote à bulletin secret pour Cuba Si, puis remet en mains propres le prix à Chris Marker,qu'on voit filmé, de face... le temps de quelques images seulement (Mars 1962)


http://www.ina.fr/art-et-culture/cinema/video/CAF97519231/le-prix-jean-vigo.fr.html
idem, document muet. Prix Jean Vigo pour Les statues meurent aussi (1951). Deux photos de Resnais et Marker posant avec leur prix étaient depuis longtemps disponible, mais c'est la première fois qu'on a accès à des images de la cérémonie (Février 1954).

mercredi 5 septembre 2012

Dans le flot des images vues et revues au fil des jours, il ne reste en mémoire que quelques films, quelques scènes, quelques notes...

S'il fallait en tirer le substrat, mon année 2012 se résumerait pour l'instant à cela:

LE CAMION (Marguerite Duras)
CAP NORD (Sandrine Rinaldi)
THE DEEP BLUE SEA (Terence Davies)
MATINS CALMES A SEOUL (Hong Sang-soo)
HOLY MOTORS (Leos Carax)



mardi 4 septembre 2012

Primrose Hill



« Tu m’as toujours dit que tu vénérais la légèreté de la pop. Enfin je l’ai pas inventé ça ? »

lundi 3 septembre 2012

Chris Marker / Electronic


Sur Youtube, on trouve enfin le clip original de Get Away With It d'Electronic, le groupe de Johnny Marr et Bernard Summer (rejoint sur ce titre par Neil Tennant). Original enfin presque, puisque ce clip, réalisé par Chris Marker, a semble-t-il déplu au groupe qui l'a remonté et l'a expurgé des plans dans lesquels on voyait Catherine Belkhodja, en cappeline noire, errée dans un parc. Ceux sont ces séquences qui seront ensuite intégrées dans Level 5 (1996). Le résultat est donc un simple enregistrement du groupe en studio interprétant le morceau, ce qui n'empêche de receller de jolies moments comme ces moments de latence au début et à la fin du morceau où la caméra s'attarde sur les visages.

http://www.youtube.com/watch?v=46z4K-tV_Io

Le clip fut ensuite retourné pour le marché US par un autre réalisateur, c'est cette version qui fut la plus souvent exploitée. Les deux clips étaient produits par Michael Shamberg, producteur des clips phares de New Order. Shamberg est également le réalisateur d'un unique long-métrage, rarement montré, Souvenir (1996), tourné à Paris, starring Laurence Côte, Melvil Poupaud, Hugues Quester... Certaines images retouchées par ordinateur sont dûes à Chris Marker.

Souvenir de Michael Shamberg





mercredi 15 août 2012

Holy Motors ; Holy Paris


Les lieux de tournage de Holy Motors, en vrai.

- Le talent de Carax serait-il essentiellement musical ? La première moitié de Holy Motors, passée la magnifique introduction, parait laborieuse, dépourvue des fulgurances de mise en scène dont Carax a le secret. Il suffit de comparer la partie Monsieur Merde au Père Lachaise avec Merde à Tokyo pour mesurer la déperdition qualitative. Toute la première partie du film est quasi dépourvue de musique. Et les plans de Carax, sans la musique pour les accompagner, paraissent inhabités, en deça de l'ambition affichée. Le brio du cinéaste éclate pourtant à la faveur de l'entracte, fabuleux plan séquence suivant Lavant rejoint par une dizaine de musicens entonnant un morceau de blues, Let my baby ride de R.L. Burnside, version accordéon de façon enflammée. Quelles autres scènes retient-on de Holy Motors ? La chanson de Kylie Minogue bien sûr, déchirante. Lavant rentrant chez lui au son de "Revivre" de Manset (c'est la première fois qu'une chanson du grand Gérard est ainsi utilisée dans un film). "On croit qu'il est midi, mais le jour s'achève. Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve". Impossible de ne pas avoir le frisson. Un prologue, trois scènes mémorables, après tout cela suffit à faire de Holy Motors un film inoubliable.


- Quel plaisir que de flaner dans Paris en ce mois d'août, dans ce qui constituent les lieux de tournage de Holy Motors. Paris y est utilisé comme un décor de cinéma majestueux englobant quasi totalement l'univers  du film. Et dans ce Paris déserté, on se sent comme un voyageur arpentant sa propre ville.


- En voyant Holy Motors, on a beaucoup pensé à la bande-dessinée de Blutch Pour en finir avec le cinéma. Les singes, Piccoli, le voyage dans le cinéma...



- Une pensée ce jour pour Katerina Golubeva auquel Holy Motors est dédié.



jeudi 2 août 2012

Les obsèques de Chris Marker


Guillaume-en-Egypte, apporté par Agnès Varda, au crématorium du Père Lachaise

Chris Marker s'en est allé nous laissant orphelin.

J'ai rêvé longtemps de le rencontrer, je lui avais même demandé naïvement il y a quelques années de pouvoir le voir. Marker avait décliné, mais sympathiquement, en prodiguant quelques bons conseils au passage.

Etrange que la première fois que je m'approche de lui, c'est pour toucher son cercueil.

Ses obsèques ont eu lieu ce jour, au crématorium du Père Lachaise.

Parmi les gens présents pour lui rendre un dernier hommage, on a pu reconnaître la muse de Marker, l'inoubliable héroïne de de Level 5, Catherine Belkhodja,  Agnès Varda, Marina Vlady, Alexandra Stewart, Arielle Dombasle, Yves Simon, Isild Le Besco, Maïwenn Le Besco, Pierre L'Homme, Lolah Bellon, Kim Shapiron, Florence Dauman, Costa-Gavras et Romain Gavras, Noel Simsolo, Bernard Eisenchitz, Jimmy Glasberg, Thoma Vuille (M. Chat)... mais aussi beaucoup de proches n'ayant pas forcément de liens directs avec le cinéma.

La cérémonie fut simple : Catherine Belkhodja lut un beau texte écrit de sa main, dans lequel elle évoquait l'éloignement de Marker ces derniers temps, parti en traitement à l'hôpital, duquel il donnait de rares nouvelles mais envoyait des photos des jolies intérimaires qui s'occupaient de lui. Marker, homme secret, était vraisemblablement resté discret sur sa maladie.  

Arielle Dombasle, élégante sylphide dans son pantalon et son corset noirs chanta a capella une chanson en espagnol.

Alexandra Stewart lu un extrait de THE HOLLOW MEN de TS Elliot.

Noel Simsolo dit "Chris m'appelait parfois et me demandait "Où peut on trouver un magasin qui vende du temps"".

Une jeune femme émue cita le propos de Remo Forlani "Marker c'est l'homme invisible en plus discret".

La danseuse contemporaine Maroussia Vossen se lança dans une danse triste autour du cercueil.

Isild Le Besco dit "Tu vas nous manquer".

Catherine Belkhodja revint pour dire "Toutes les fautes sont pardonnables, sauf les fautes d'orthographe" (sic).

Un grand quadragénaire lut un poème en russe.
Costa-Gavras remercia le docteur qui s'était occupé de lui ces six derniers mois.

Et de la vodka au poivre, apportée par la réalisatrice Claude Bagoë-Diane, fut offerte à tous les gens présents à la mémoire de Chris.

Chris Marker est mort dimanche dernier, le jour de son anniversaire, chez lui, devant ses ordinateurs.

"J'ai essayé de jouer au jeux de Marienbad l'autre jour. Au bout de quelques coups, l'ordinateur m'a laissé un message. "J'ai déjà gagné, mais on peut continuer à jouer si ça vous amuse".  La Mort pourrait dire ça.."
LEVEL 5

(merci Ororo)