A bientôt j'espère

(To Chris M.)

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mercredi 26 septembre 2012

Les mains d'Andrea, Sébastien Betbeder



Andréa (Jerzy Radziwilowicz) est un guérisseur. Il va chez ses patients, appose ses mains sur leurs corps pour les soigner. Mais Andréa est las… il n’arrive plus à soigner les nouvelles pathologies et prend la décision d’arrêter. Il se confie auprès de celui qui l’a poussé dans cette voie, Michael Lonsdale. Ce dernier lui explique qu’il a failli lui aussi abandonner après être tombé amoureux d’une femme. Mais après plusieurs mois, il a mis fin à cette relation pour revenir à son activité. Il est spur qu’Andrea reviendra sur sa décision. Andrea, qui a arrêté son activité, rencontre par hasard une ancienne connaissance, Yann Colette, qui vit à l’hôtel. Celui-ci lui raconte sa triste histoire, son amour passionnelle pour Jeanne, leur vie dans une grande maison prêt d’une forêt, retapée pendant deux ans, la disparition soudaine de Jeanne, victime d’une maladie du cœur non diagnostiquée, son désespoir, sa fuite de la maison. Lorsqu’Andrea raconte son passé de guérisseur, son ami lui demande de l’aider et de poser les mains sur son visage pour lui faire oublier son amour perdu. Andrea refus. Il accepte toutefois à sa demande de se rendre à la maison pour débarrasser les affaires de Jeanne. Il traverse des bois, va dans la maison. Dans la chambre, Jeanne est là, ou son fantôme. Une histoire va se nouer entre elle et Andrea.

Beau film triste, décharné, qui ressemble un peu à Histoire de Marie et Julien de Rivette (Jerzy Radziwilowicz était déjà le héros de ce film) ou à un film de Garrel (la présence de Yann Colette n’étant pas étrangère à ce rapprochement). Rien ne distingue les fantômes des humains. Ou plutôt, les humains ont l’air aussi absent au monde que les fantômes. Lors de sa carte banche en mars dernier au forum des images, le réalisateur Sébastien Betbeder, avait choisi comme film pour accompagner certaines de ses oeuvres, Picnic à Hanging Rock de Peter Weir. La filiation est évidente, tant Betbeder, comme Weir filme le monde comme un entre deux, entre le monde des (pas encore) morts et celui des (plus tout à fait) vivants. Ajoutons que Jeanne est incarnée par Nathalie Boutefeu, comédienne trop rare, et assez sublime.

jeudi 20 septembre 2012

Je suis une ville endormie






Le film commence par une explication des origines du Parc des Buttes-Chaumont. Date de création, superficie, nombre de visiteurs par an…. Une vraie fiche Wikipedia. L’image montre des dessins du parc ainsi que des archives filmées en Noir et Blanc du début du vingtième siècle. Le documentaire innervera à plusieurs reprises la fiction : par le biais d’autres images d’archives de la même époque montrant les parisiens venant se détendre ou pratiquant quelques exploits saugrenus (comme sauter en parachute du pont des suicidés 27 mètres de haut devant la mine réjouie de femme et enfant ou longer la passerelle suspendu à bout de bras). Au mitan du métrage, un psychiatre raconte l’histoire d’un homme qui, pour se rendre à son travail, traversait tous les jours le parc. A la faveur d’un déménagement, l’homme s’est mis à dépérir. Aucun médecin ne comprenait les raisons de cette dépression sévère jusqu’ç ce le psychiatre en question, étudiant, tente l’expérience de le faire revenir au parc. Et là miracle, l’homme s’est peu à peu mis à retrouver goût à la vie. Le réalisateur Sébastien Betbeder cherche donc à capter les mystères de cet endroit, les forces invisibles qui l’habitent, partant du documentaire pour arriver ensuite à suggérer la puissance fantastique du lieu, comme l’atteste une confrérie de jeunes gens qui passent leur nuit dans le parc pour capter l’énergie du parc. Betbeder navigue entre réel et imaginaire et magnifique le parc des Buttes Chaumont, le lieu devenant une sorte de sanctuaire païen, hanté par des figures marginales (dont un SDF qui parle anglais) et des chercheurs bizarroïdes. Les héros du film sont deux jeunes gens, Ana et Théo, qui le soir de leur rencontre passent la nuit dans le parc et y font l’amour. Ils deviennent obsédés par le parc, surtout Théo qui veut y passer toutes ses nuits. A mesure que cette obsession augmente, l’état physique de Théo se dégrade : il a des crises de respiration sévère et manque de mourir étouffé à plusieurs reprises. Le parc devient le seul endroit où il s’épanouit. Betbeder manie les signes : le hibou tutélaire du parc disparait à mesure que le pouvoir du parc devient destructeur. Le cabinet abandonné où les amants se retrouvent trouve une existence antérieure dans les peintures de De la tour reproduites dans le livre qu’offre Ana à Théo pour son anniversaire (notamment son célèbre « Madeleine pénitente à la flamme filante »). Le choix de l’actrice Agathe Bonitzer semble avoir été conduit par le fait que de dos, avec ses cheveux blonds vénitiens, elle ressemble à la madeleine du tableau. Pourquoi alors que ce film qui a tout pour séduire et fait preuve d’une belle ambition laisse-t-il un peu insatisfait ? Cela réside, comme dans les autres films de Betbeder, à sa difficulté à incarner ses personnages principaux. Les deux héros sont un peu falots et paraissent très conventionnels, surtout au regard du monde fantastique dans lequel ils sont plongés.

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Je suis une ville est le titre d'une chanson de Dominique A... On se souvient que dans la dernière scène de La vie lointaine, le héros chansait A capella Le Courage des oiseaux.

Je suis une ville endormie a visiblemnt été retiré de la bio officielle de Sébastien Betbeder pour être retitré Les nuits avec Théodore, visiblement une version allongé de huit minutes (67 mins au lieu de 59 min) de ce moyen métrage, présentée récemment comme un long métrage au festival de Toronto.


mardi 18 septembre 2012

La Terre tremble (c'est ce qu'elle a de mieux à faire)


Roland Garros, finale, 1989 : Ivan Lendl vs Michael Chang.
Sébastien Betbeder est un cinéaste français passionnant, auteur de plusieurs moyens-métrages et de deux longs-métrages (courts), l’un sorti discrètement en 2007, Nuage, l’autre à venir (Les nuits avec Théodore, en fait la version étendue de son moyen métrage Je suis une ville endormie diffusé sur Arte en juin dernier). Il est également l’auteur de fictions radiophoniques qui recoupent ses obsessions ainsi qu’on l’entend dans La Terre tremble (c'est ce qu'elle a de mieux à faire), 4 épisodes de 24 minutes, diffusés sur France Culture en 2008.

Deux frères : Bastien tente de finir son premier roman ; Roman, tennisman professionnel, craque et abandonne en plein match sa carrière devant un public médusé. Leur père meurt soudainement d’un arrêt cardiaque. Les deux frères regagnent Bordeaux chacun de leur côté, Bastien avec sa compagne Chloé, Roman prend le train et fait la rencontre d’Aurélia, qui a quitté son mari pour retrouver un ancien amour sans savoir ce qu’il est devenu ni même si elle est encore amoureuse de lui. Arrivée à la maison familiale, retrouvailles avec la mère (Aurore Clément) qui raconte les derniers instants du père (joué par Michel Robin). Rencontre avec un ami du père défunt, sismologue vivant au Japon et père d’une fille, Kaori, qui habite en France. La nuit avant l’enterrement, la petite équipe va rester la nuit, prêt de la forêt à guetter l’apparition de moines légendaires qui font effectivement leur apparition. Michael Chang, l’idole de Roman, celui à cause de laquelle il avit décidé à douze ans de devenir tennisman, apparait également pour l’inciter à avancer dans la vie…

Sur le papier, l’histoire a l’air rocambolesque. C'est parfois même assez déroutant tant Betbeder multiplie les signes presque pittoresques pour en faire des choses assez simples au final : le sismologue, la fille franco japonaise, le frère tennisman, une légende liée aux moines associée à une seconde légende les concernant, un roman qui ne trouve pas sa fin...  Tous ces éléments frappants ne trouvent pas forcément de raisons d'être et fonctionnent plutôt comme des outils destinés à mettre en éveil les sens de l'auditeur. L'approche de Betbeder est très douce, presque chuchotée, tout semble normal et évident, même l’apparition du tennisman américain qui mit Ivan Lendl en déroute lors d'une finale mythique à Roland Garros. Betbeder cherche à montrer l’invisible et celui prend soudain une forme réelle pendant quelques instants, comme si nous étions entourés de fantômes qui émergent dans certaines circonstances. La mort n’est pas si grave. Le père existe ainsi dans la fiction puisqu’on l’entend dans des flash-back. Contrairement au cinéma où le flash back est souvent clairement montré comme un moment du passé par un indice visuel quelconque (couleurs délavées ou en noir et blanc) à la radio, la voix est au présent et donne donc l’impression que le personnage est tout aussi là que le sont les héros, les moines spectraux ou Michael Chang. Le monde de Betbeder est dans cette façon de faire se rencontrer des mondes parallèles avec une évidence presque banale.