David Fincher, à propos de VERTIGO
(Interview parue dans Film Comment, septembre 2014)
« J’ai toujours trouvé que ce film [VERTIGO] ne racontait pas le bonne histoire et qu’il aurait été plus intéressant de suivre cette femme qui rencontre cet homme (Gavin Elster), tombe amoureuse de lui, et lui de dire un jour « Et, est ce que tu veux t’habiller comme ma femme, te balader dans des musées, te jeter dans à l’eau de la baie, laisser un étranger te déshabiller et te garder dans son appartement tout un après midi, rouler avec lui jusqu’à Santa Cruz pour me retrouver ensuite en haut d’un toit ? ». Donc elle grimpe en haut de ce toit sachant que le gars qui l’a conduit-là ne peut la suivre en haut des escaliers, tout ça pour que son amoureux jette du haut du toit sa femme morte, et lui dise « maintenant tu es impliquée jusqu’au coup. Tais-toi, et voilà un bijou en compensation ». Ca ressemble à un film encore plus tordu”.
Cette version du film, Bertrand Bonello a voulu l’écrire et la réaliser. De ce projet avorté reste aujourd’hui un scénario – co-écrit avec Stéphane Delorme des Cahiers du cinéma (*) - qui vient de paraître, dans le livre « Les films fantômes de Bertrand Bonello », et une adaptation radiophonique sur France Culture (starring Clotidle Hesme et Mathieu Amalric). Madeleine d’entre les morts, c’est le nom de ce film jamais tourné, qui devait se déroule en France, comme le roman d’origine. Il parait toutefois que Uma Thurman eut donné son accord avant de ne plus donner signe de vie. Le scénario donne peu d’indications sur les endroits où il devait être tourné. Peu importe, son socle, c’est Vertigo d’Alfred Hitchcok dont il reprend des scènes entières mais filmées du point de vue de Judy/Madeleine ou de loin (comme la scène des séquoïa), comme observé par un spectateur qui connaitrait déjà la scène originale. Le dialogue Judy/Scottie est souvent remplacé par une scène se déroulant antérieurement entre la jeune femme et le mari meurtrier (Paul dans le scénario) répétant la scène et le dialogue à l’identique qui devra être jouée plus tard pour duper l’enquêteur.
A la lecture du scénario, il est difficile d’imaginer quel film cela aurait pu être. Le scénario est avare en contextualisation, alternant longues scènes dialoguées où Paul met en scène son actrice et déambulations dans la ville (avec la particularité que les séquences de filature sont filmées du point de vue de la personne filée, elle ne voit donc jamais son suiveur, puisqu’il est derrière elle), et n’explique pas vraiment l’inexplicable, c'est-à-dire comment une femme peut accepter par amour de participer à une machination aussi diabolique et tirée par les cheveux.
Le fantôme de ce récit, c’est la mise en scène que Bonello. Quelle aurait-elle été ?
(*) et rédacteur d’un pamphlet pour les lycéens
consacré à Vertigo, trouvable
sur l’Internet.
Kim Novak nous parle - ou presque :
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