Tendu comme un arc ce Colt
45. Le film s’ouvre le jeune héros du film, un policier surdoué au tir au
pistolet, mais préférant garder ce « don » pour son plaisir personnel,
malgré une offre alléchante émanant de mi-litaires mi-barbouzes. Le film s’achève,
1h25 plus tard, sur le même personnage, transformé, cassé, prêt
vraisemblablement à offrir ses services à ces hommes de l’ombre. Entre les deux, un film étrange, où sur un
arrière-plan de polar à la française façon Olivier Marshall (à base de flics quinquas au regard bovin) se superpose
un thriller mental voyant le délitement psychologique du jeune héros, incarné
par un formidable Yamanol Perset. Désavoué
par son réal, sorti en plein été sans promo deux ans après son tournage, le
film a sans doute souffert de ses problèmes de production (*). Si l’on ne saura
sans doute jamais à quoi aurait dû ressembler la version de Fabrice Du Welz,
on peut admirer ce sens de l’ellipse et la précision avec laquelle la situation
complexe est mise en place en un minimum de temps (le scénario original est
signé Fathi Beddiar, adapté par Du Welz). Et si le temps de présence incongru
de certains acteurs (Alice Taglioni doit apparaitre deux minutes) laisse penser
que des scènes ont disparu, le film est pourtant très clair et sans béances
scénaristiques (je n’ai pas dit sans invraisemblance). Série B inventive, avec
une utilisation remarquable des extérieurs parisiens ou de la banlieue, Colt 45 est un portrait saisissant du
délitement psychologique d’un jeune homme, abandonnant ses illusions au fur et
à mesure que son monde déjà branlant s’effondre.
(*) Le conflit se serait déclaré sur le tournage entre le
réalisateur et JoeyStarr, ce dernier refusant de continuer à tourner avec le cinéaste belge.
Frédéric Forestier, l’homme de main du producteur Thomas Langmann, aurait
tourné quelques scènes pour finir le film (il est remercié au générique de
fin). Sauf erreur de ma part, aucun monteur n’est crédité au générique,
uniquement des monteurs additionnels dans le déroulant final.
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