The Runaways |
Le critique de cinéma américain Matt Zoller Seitz a eu cette
formule géniale à propos de Jem et les
Hologrammes, comparant le film de Jon Chu à « Josie et les Pussycats filmé par Terrence Malick ». Au-delà
de l’oxymore apparent que cette phrase induit, elle pointe précisément très
précisément là où réside la beauté du film, dans sa lumière.
Jem suit une trame
très conventionnelle sans chercher spécialement à la rendre plus consistance ou
plus crédible qu’à l’habitude, celle d’un apprenti groupe cherchant sa voie
tandis qu’il se trouve pieds et poings liés aux mains de producteurs cyniques
et mercantiles. Sans remonter jusqu’à Une
star est né ou Phantom of The
Paradise (dont il retrouve le glam dans son finale), la comédie pop
anglo-saxonne a produit deux amusantes bandes dans les années 90, ledit Josie et les Pussycats et le méta Spice World – le film. Jem
pourrait compléter cette trilogie ne serait-ce par le personnage de Juliette
Lewis, parfaite en directrice de label cynique et hystérique, mais là où Jem
tranche par rapport à ses deux aînés, c’est par son traitement très différent
de la couleur et du ton employé. Alors que les deux bonbons acidulés susnommés brillaient
par leurs couleurs pastel et leur humour camp,
Jem arbore un ton plus sérieux qu’on aurait pu l’imaginer et surtout le film se
déroule essentiellement de nuit. Les sources de lumière sont le plus souvent à
l’intérieur du plan (du moins en apparence). Ainsi, une chorale improvisée sous
la jetée de San Monica (et oui, on peut encore penser à Terrence Malick et Knight of Cups où plusieurs scènes se
déroulent au même endroit) est uniquement éclairée par le petit robot Synergy ;
le premier concert de Jem est interrompu par une coupure d’électricité. Jem
décide de poursuivre pourtant le show en demandant au public de l’éclairer avec
les lampes torches de leurs téléphones, et s’empare d’une guitare sèche pour poursuivre
sa performance. Bref, pour traduire la crise existentialiste de son héroïne s’interrogeant
sur quel adulte être, le film choisit le mode acoustique, unplugged, d’où son atmosphère calme, ses mots chuchotés, ses voix
off décrivant les doutes de son héroïnes, ces regards perdus dans le lointain, ces
plongeons dans la mer dont on espère ressortir transformée (Terrence Malick
encore !). Dans un entretien accordé aux Cahiers du cinéma, le réalisateur
Jeff Nichols expliquait avec Midnight
Special que les films de Malick se déroulaient surtout de jour pour
utiliser la lumière naturelle, mais que lui voulait montrer à quoi ressemblerait
ce genre d’esthétique, mais de nuit. Finalement, à la surprise générale, c’est
Jon Chu qui aura réussi la démonstration.
PS : comme Jem fait tout pour que ses sœurs fassent
partie du groupe au grand désarroi de sa productrice qui voudrait vendre une
chanteuse solo, Jon Chu a retrouvé les « hologrammes » de sa webserie the L.X.D. : Ryan Randels
au scénario, Nathan Lanier a la musique originale, et la virtuose Alice Brooks
a la photo.
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