mardi 7 avril 2015
Le papillon de Terrence Malick
Le réalisateur / critique Jean-Claude Biette avait écrit un texte resté célèbre à propos du RAYON VERT d'Eric Rohmer. Dans ce papier intitulé "Le papillon de Griffith", Biette distinguait les cinéastes qui laissaient la nature entrer dans le plan, symbolisée par un papillon inattendu qui traverserait le cadre, des autres réalisateurs qui attendraient que le papillon passe pour ne pas distraire le futur spectateur. Dans la première catégorie, on trouverait Rohmer donc, mais ausi Ford, Walsh, Naruse, Rivette et les Straub. Dans la seconde, Kubrick, Resnais, Sternberg, Visconti.
Un des opérateurs de TREE OF LIFE, Jeremy Rodgers, a raconté à travers une anecdote comment ce texte avait trouvé son illustration pratique. (http://www.icgmagazine.com/wordpress/2011/05/11/sights-unseen/)
"Les acteurs répétaient, en costumes, prêt à tourner, lorsque Terry aperçoit un papillon. Nous avons donc suivi le papillon à travers plusieurs pâtés de maison. Jessica Chastain s'arrête au milieu d'une rue, éclairé par le soleil du matin. Jessica déplie son bras et le papillon, après avoir effectué un arc de cercle complet vient se poser dessus. Il est resté posé quelques minutes. Nous blaguions ensuite que tout le monde allait penser que nous avions réalisé ce plan avec un trucage numérique. Mais non, c'est un vrai papillon capté par la caméra d'Emmanuel Lubezki".
Malick va encore plus loin encore que la théorie de Biette, et appartiendrait peut-être à une troisième catégorie. Celle des réalisateurs qui n'attendent pas que le papillon entre dans le plan mais font entrer les acteurs dans le cadre de vie de ce papillon.
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