John Rambo a fait la paix avec lui-même et vit désormais
dans le ranch familial en Arizona. Il élève Gabrielle, une réfugiée mexicaine
qu’il a recueillie. Mais alors que l’adolescente en crise d’identité
fugue à la recherche de son père biologique, elle est enlevée par un réseau de narcotrafiquants.
Pour John, une nouvelle guerre a été déclarée et elle ne s’arrêtera que lorsque
le dernier sang aura coulé.
Sylvester Stallone retrouve pour la dernière fois son héros. Dans les excellents suppléments proposés avec le Blu-ray, il explique
avec gravité que Rambo Last Blood, qu’il a co-écrit, n’est pas à ses
yeux un film d’action mais « un drame » qui se termine « comme
dans une tragédie shakespearienne » (où l’on découvre une nouvelle
définition de l’expression « un cœur à prendre »).
De l’action, il y en a dans ce cinquième opus. Mais il est
vrai que l’on retient moins telle ou telle scène mouvementée qu’un sentiment
d’ensemble, celui du destin en marche, fatum fauchant chacun des
personnages. Sur Rambo bien sûr, condamné à rester éternellement cette machine
de guerre qu’on a voulu voir en lui, mais aussi sur les figures secondaires tel
ce jeune marié perdu dans la montagne inondée par une pluie torrentielle qui
meurt pour avoir refusé d’être sauvé par John, ou bien ces prostituées que
Rambo libère de leur enfer, mais qui le supplient d’arrêter « ne sachant
pas où aller ». Car les pauvres n’ont pas ce pouvoir de déplacement
« magique » de part et d’autres de la frontière, pouvoir que seuls
les américains ont ou les puissants narcotrafiquants (cf. ce plan presque
ironique des véhicules franchissant un grillage entrouvert pour passer d’un
pays à l’autre).
Avec sa violence choquante et jamais fun (l'anonymat de la mise en scène est presque une revendication esthétique) et par sa capacité
à décrire l’effondrement d’un monde, Rambo Last Blood constitue un épilogue
au goût de cendres.
Comme un écho et l'occasion de vous souhaiter une belle année de ciné :
RépondreSupprimerhttp://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2019/12/rambo-last-blood-au-nom-du-pere.html?view=magazine
Magnifique texte Jean-Pascal qui explique bien en quoi ce film est une tragédie classique. Bonne année à vous (et aux fantômes)
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