A bientôt j'espère

(To Chris M.)

jeudi 23 janvier 2020

Rambo : last blood






John Rambo a fait la paix avec lui-même et vit désormais dans le ranch familial en Arizona. Il élève Gabrielle, une réfugiée mexicaine qu’il a recueillie. Mais alors que l’adolescente en crise d’identité fugue à la recherche de son père biologique, elle est enlevée par un réseau de narcotrafiquants. Pour John, une nouvelle guerre a été déclarée et elle ne s’arrêtera que lorsque le dernier sang aura coulé.  

Sylvester Stallone retrouve pour la dernière fois son héros. Dans les excellents suppléments proposés avec le Blu-ray, il explique avec gravité que Rambo Last Blood, qu’il a co-écrit, n’est pas à ses yeux un film d’action mais « un drame » qui se termine « comme dans une tragédie shakespearienne » (où l’on découvre une nouvelle définition de l’expression « un cœur à prendre »).

De l’action, il y en a dans ce cinquième opus. Mais il est vrai que l’on retient moins telle ou telle scène mouvementée qu’un sentiment d’ensemble, celui du destin en marche, fatum fauchant chacun des personnages. Sur Rambo bien sûr, condamné à rester éternellement cette machine de guerre qu’on a voulu voir en lui, mais aussi sur les figures secondaires tel ce jeune marié perdu dans la montagne inondée par une pluie torrentielle qui meurt pour avoir refusé d’être sauvé par John, ou bien ces prostituées que Rambo libère de leur enfer, mais qui le supplient d’arrêter « ne sachant pas où aller ». Car les pauvres n’ont pas ce pouvoir de déplacement « magique » de part et d’autres de la frontière, pouvoir que seuls les américains ont ou les puissants narcotrafiquants (cf. ce plan presque ironique des véhicules franchissant un grillage entrouvert pour passer d’un pays à l’autre).

Avec sa violence choquante et jamais fun (l'anonymat de la mise en scène est presque une revendication esthétique) et par sa capacité à décrire l’effondrement d’un monde, Rambo Last Blood constitue un épilogue au goût de cendres.

2 commentaires:

  1. Comme un écho et l'occasion de vous souhaiter une belle année de ciné :
    http://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2019/12/rambo-last-blood-au-nom-du-pere.html?view=magazine

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  2. Magnifique texte Jean-Pascal qui explique bien en quoi ce film est une tragédie classique. Bonne année à vous (et aux fantômes)

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