A bientôt j'espère

(To Chris M.)

mercredi 15 septembre 2010

Informers

Sortie aujourd’hui en dvd et blu-ray de INFORMERS d’après Bret Easton Ellis (ouvrage sorti en France sous le titre Zombies). Présenté il y a deux ans à Sundance, le film sort en France directement en vidéo après avoir un reçu un accueil désastreux à peu prêt partout où il a été présenté.
Bret Easton Ellis, dans l’actualité pour la sortie de son nouvel ouvrage Suites impériales, se répand depuis en mal sur l’adaptation filmique reprochant au cinéaste et au producteur de n’avoir rien compris au projet. Ellis est, pour la première fois, l’auteur de l’adaptation de son ouvrage avec le jeune scénariste Nicholas Jarecki. Visiblement Jarecki devait aussi réaliser le film avant d’être débarqué pour être remplacé par Gregor Jordan, australien spécialisé dans les films qui ne sortent pas en salles (Two Hands, Unthinkable - qui sort aussi ce jour en dvd). L’intrigue avec les vampires aurait été coupée à la dernière minute ainsi que plusieurs passages qui tenaient à cœur à l’écrivain.
Voici ce qu’il déclarait il y a quinze jours aux Inrockuptibles :

“Mais je vais tellement mieux que la dernière fois qu’on s’est vus… A l’époque, j’étais encore profondément déprimé, j’étais en thérapie, et le film The Informers, adapté de mon recueil de nouvelles Zombies et dont j’avais écrit le scénario, devait sortir et ne me plaisait pas du tout. Je me souviens exactement du moment où je suis sorti de la dépression : c’est en allant seul à la première de ce film en avril 2009. Ma famille et mes amis étaient là. J’étais au bar avec eux et, brusquement, j’ai lâché prise, je me suis laissé aller, j’ai réalisé que c’était ridicule d’être malheureux à cause d’un film".
Heureusement que le résultat jugé désastreux  a eu des vertus thérapeutiques et lui a permis de devenir philosophe ! 

The INFORMERS est pourtant à nos yeux une réussite. C’est un document passionnant sur ce qu’étaient les années 80. Référence surprenante, le producteur Marco Weber présente comme référence majeure Le Jardin des Finzi-Contini, le film.

Gregor Jordan n’est pas Roger Avary (réalisateur du définitif Lois de l’attraction) mais réussit pas mal de choses, notamment des plans comme ça, digne d'une peinture pop art:



Jordan réussit aussi, involontairement mais après tout cela reste remarquable, un documentaire glaçant sur l'acteur Brad Renfro, dans son dernier rôle avant son suicide. il y incarne un acteur au chômage gagnant sa vie comme portier de nuit dans un hôtel.

Dans sa scène de confession, il dit ceci :
"Je suis acteur.
J'ai fait une pub pour des chewing-gums.
Et aussi une autre pour Clearasil.

C'est vraiment dur comme métier.
On peut pas y arriver ici si on n'est pas prêt à tout".

Quelques mois plus tard, l'ex-enfant star Brad Renfro mettait fin à ses jours (le film lui est dédié).

Comme disait Chris Marker dans Le fond de l'air est rouge , "On ne sait jamais ce qu'on filme". Le Temps fait son travail, et le passé vu du futur devient soudainement toute autre chose. Le scène de fiction s'est transformée en un document du temps présent, celui d'un instantané sur un homme en perdition.




Classe ultime, Jordan a gardé le meilleur pour la fin. Difficile de ne pas être bouleversé par la dernière séquence dans laquelle un des personnages vient voir sa compagne en train de mourir au soleil, d’une maladie encore non identifiée, le Sida. Tous les personnages ayant couché les uns avec les autres, le garçon est vraisemblablement condamné aussi, de même que la plupart des autres personnages du récit. Mais personne ne le sait encore.

Le ciel est bleu mais les nuages pointent leur nez. Le Soleil va bientôt disparaître. Seule une mouche posée sur la peau en cours de nécrose de la jeune femme évoque un avenir tâché.


Une jolie fille en bikini, la plage. Ou comment une image d'Epinal du Bonheur se transforme en vision terrible du purgatoire.

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