A bientôt j'espère

(To Chris M.)

jeudi 13 mars 2025

TATAMI de Zar Amir et Guy Nattiv

 

 


Zar Amir et Guy Nattiv proposent une œuvre tout à fait étonnante : filmé en noir et blanc et dans un format « carré » (ratio 1,33 : 1 - hormis le dernier plan qui s'ouvre en 1,85 : 1), TATAMI nous rappelle au souvenir de ces thrillers noirs hollywoodiens des années 1940 ou 1950, type RKO, eux aussi en noir et blanc et dans ce format image, dans lesquels un boxeur qui devait s’allonger décide de reprendre son destin en main quitte à risquer sa vie.  

Doté d’un suspense haletant, presque filmé en temps réel, le duo rythme la révolte grandissante de son héroïne, Leïla (Arienne Mandi), à qui on demande d’abandonner, par des combats de plus en plus intenses. Les adversaires se rapprochent, les regards se croisent, les mains s’agrippent au kimono de l’autre, les corps entrent violemment en contact, et l’on recherche de part et d’autre le point de déséquilibre. La caméra, souvent au plus proche des judokas, prend parfois de la hauteur pour des plans zénithaux impressionnants, montrant l’être humain plus seul que jamais se débattre dans le monde.

Leïla est une de ces grandes héroïnes cinématographiques butées, obstinées, car la liberté ne supporte aucune concession. Elle nous confronte à nos propres limites, voire à notre inconséquence, quand nous nous prenons à penser qu’elle devrait jeter l’éponge car nous savons qu’elle n’est pas coupable - mais victime du système - et que nous ne la jugerions évidemment pas si elle répondait aux injonctions et aux menaces terribles venues d’en haut. 

Mais il faut se battre, et Leïla sait que pour gagner d’un côté il faudra perdre de l’autre - ses attaches, son pays.

Conquérir la liberté est un sport de combat.