A bientôt j'espère

(To Chris M.)

dimanche 27 décembre 2020

Elisheba

Adieu la grenade, symbole de Tanit
Déesse de Carthage, dont le surnom est « mère »,
Celle qui agrémentait le mesfouf des Sunnites
Et explosait les sens à quelques lieues du désert.

Demain l’air dans ta bouche d’Eretz Israel
Ses pierres bleu-vert d’Eilat ; ses lumières de fêtes
Blé, orge, raisins, figue, datte, olive et miel,
Retour sur la terre sainte, qu’arpentèrent les prophètes.

Le soleil naît à l’Est ; à l’Ouest, il s’affaiblit.
A celui de l’astre, ton trajet sera inversé,
Longeant les côtes de la Méditerranée,

Tu iras là où siège le tombeau de Marie,
Berceau du peuple juif, fertile humus de l’Homme,
Entre la lumière et les ténèbres - Shalom !
 

lundi 28 septembre 2020

Les plus horribles années d’une vie : à propos de CAPONE de Josh Trank

Tom Hardy dans une prestation au-delà de la bonne ou de la mauvaise

Capone, le troisième film, de Josh Trank est encore une fois consacrée aux métamorphoses du corps. Dans Chronicle et Les quatre fantastiques, il s’agissait de corps transformés par des super-pouvoirs. Mais on n’oublie pas la vision de La Chose découvrant l’abomination qu’était devenu son être dans une séquence cronenbergienne au possible. Capone parait éloigné de cet univers, puisqu’il s’agit d’un récit très librement inspiré par la dernière année de vie de Al Capone, le célèbre gangster surnommé Scarface. Mais il s’agit encore une fois d’un corps en mutation. Mais cette fois-ci pas de super-pouvoirs, ce serait même l’inverse. Victime de troubles de la mémoire et de la siphyllis, son corps n'est qu’un amas de chair difforme que le cerveau n’arrive plus à contrôler. Al Capone, enfin « Fonzo » puisqu’il est désormais interdit de l’appeler par son nom - miroir des temps glorieux -  se chie dessus indifféremment en poussant des borborygmes indéchiffrables. Cloitré dans son Xanadu, une demeure rococo peu à peu dépossédée de ses biens, il hante son habitat comme un zombie mimant machinalement les gestes du passé dans une pantomime grotesque. Josh Trank essaie de lisser le présent et les souvenirs, et filme au même niveau la réalité et les rencontres fictives entre Fonzo et certaines connaissances (un vieil ami joué par Matt Damon ; un fils illégitime né d’une précédente union). Trank ne montre jamais ce qui est vrai et faux, et va même jusqu’à créer des scènes qui ne peuvent pas être vues du point de vue du héros éponyme (par exemple Matt Dillon et une conquête dans un motel). Des scènes à priori réelles (comme son médecin dévoilant des informations confidentielles à la police en planque) ont l’air véridiques mais n’émaneraient du cerveau paranoïaque de Fonzo ? Il y a bien pourtant quelques plans « objectifs ». Quand Fonzo discute avec Matt Dillon, des plans de Linda Cardellini, qui joue sa femme, montre bien que Fonzo est seul à ce moment. Mais ces plans sont rares. Josh Trank revendique une liberté totale et ne s’embarrasse d’aucune cohérence. Passé, présent voire futur fusionnent dans la linéarité de narration. Ne plus se souvenir et bientôt mourir, c’est peut-être ne plus savoir distinguer les frontières pourtant fictives du temps. Beau film.

 

samedi 26 septembre 2020

Pensée du jour

 

Un seul être vous manque

et tout est, des peupliers.



lundi 21 septembre 2020

BOAXEL (poème)

 
Je monte seul mon armoire IKEA
La notice spécifie qu’il faut être deux
Mais dans mon studio, nul autre que moi.
Alors, contraint, j’enfreins les règles du jeu.
 
Pleurant des larmes mornes sur mon lit défait
Les pièces éparpillées façon puzzle
A la tombée de la nuit, rien n’est fait
Mes habits, dans un carton, se désolent.
 
Sur le sol traine une clé Allen.
Que fais-tu, petit outil, devant moi ?
Tu me laisses désespéré, en émoi.
Où êtes-vous bouche, lèvres et haleine ?
 
L’armoire démembrée me scrute, impassible.
Elle n’a pas de plan pour me remonter.
Les planches indifférentes et paisibles,
Gisent devant moi d’un sommeil replet.

samedi 29 août 2020

TENET : critique

 

"Si tu avances, quand je recule, comment veux-tu que je t'encule" ?



dimanche 31 mai 2020

LES PLUS BELLES ANNEES D'UNE VIE de Claude Lelouch




Claude Lelouch, c’est cinquante ans de carrière et presque autant de films. Des films toujours libres,  des explorations de l’amour sous toutes ses formes, des œuvres qui ne ressemblent à aucune autre. Son style incomparable a innervé l’ADN du cinéma mondial, et il est difficile de ne pas voir aujourd’hui Paul Thomas Anderson, Alejandro Gonzales Inarritu, David O’Russell  et bien d’autres la trace du cinéma « Lelouchien » (puisque Lelouch a eu la chance de voir son nom transformé en adjectif). 

LES PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE est une œuvre expérimentale dans laquelle Claude Lelouch revisite son film le plus connu, UN HOMME ET UNE FEMME (Palme d’or à Cannes) et retrouve ses personnages – et ses acteurs – cinq décennies plus tard. C’est une œuvre étonnante qui ne donne pas exactement à voir ce qu’on aurait pu attendre  d’un tel projet. Pas d’atmosphère crépusculaire (façon AMOUR de Haneke) ou de nostalgie ici puisque le personnage joué par Jean-Louis Trintignant ne se souvient plus vraiment de son passé. Sa mémoire a été comme « rebootée ». Plus d’une fois on pense à la saison 3 de Twin Peaks – et pas seulement parce Monica Bellucci fait ici aussi une apparition  qui ressemble à un rêve. Lelouch utilise son acteur et son personnage comme un palimpseste sur lequel écrire un nouveau film. Il ose mélanger les images 35 mm (souvent en Noir & Blanc) de UN HOMME ET UNE FEMME avec le tournage vidéo en couleur des PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE. Il s’amuse à faire se répondre les plans, au-delà des années et des formats de tournage, comme si le cinéma avait ce pouvoir magique d’abolir le temps par la simple puissance du « collage » de deux images.

LES PLUS BELLES ANNEES est un geste artistique audacieux puisqu’il engloutit en quelque sorte le classique des classiques pour le transformer en simple matière première dans laquelle il puise pour tourner un nouveau film, qui plus est plus modeste et ne cherchant jamais à poser au chef d’œuvre. 

Lelouch pioche dans ses films comme bon lui semble et le célèbre court-métrage UN RENDEZ VOUS dans lequel il se filmait traversant Paris à toute allure est utilisé ici dans un contexte différent. Le court « documentaire » (puisque c’est un plan séquence tourné en temps réel sans autorisation ni logistique de tournage) devient dans le nouveau film un flash-back fictionnel dans la mémoire retrouvée de Jean-Louis Trintignant. 

Lelouch, jamais là où on ne l'attend. 

mardi 26 mai 2020

MESSALINE de Vittorio Cottafavi (1959)

Cliquer pour agrandir


Disponible chez ESC éditions

dimanche 24 mai 2020

Rose




Touche la rose
Hume son parfum
Fais venir Eros
Pétales carmin

Devant la Superbe,
Folie botanique
Mais, dit le proverbe
"Qui s'y frotte, s'y pique !"

mercredi 15 avril 2020

mardi 7 avril 2020

SVETLANA


Alors modèle, la future réalisatrice de films pornos (SEX BOAT) pose.

jeudi 26 mars 2020

mardi 11 février 2020

SCANDALE de Jay Roach, célérité de la satire





On pourrait dire que Scandale se situe dans la lignée de The big short d’Adam McKay (dont il partage le même scénariste Charles Randolph) ou de ces grands films sérieux dénonçant des scandales historiques (Spotlight, Pentagon Papers parmi tant d’autres). Ce serait oublié que Scandale est réalisé par Jay Roach, l’homme à qui l’ont doit la trilogie comique Austin Powers. Autrement dit, malgré la gravité du sujet, ce réalisateur a de l’humour et du second degré. Cela ne veut pas qu’il traite de façon désinvolte ce sujet sérieux – le harcèlement sexuel en entreprise, et pas n’importe laquelle, la chaine FOX NEWS entièrement dévouée au – l’époque - candidat Trump. Mais il le fait sans faire peser sur chaque plan le poids de la dénonciation contrite.

Scandale est rapide comme l’éclair, comme s’il avait été tourné à toute allure, et pourtant dense dans le nombre d’informations qu’il parvient à véhiculer sans effort apparent. François Truffaut aurait dit que c’est un film « tourné de la main gauche », soit tout l’inverse de ce genre de docu-dramas souvent plombés par leur esprit de sérieux. Scandale retrouve la vibration de ces films des années soixante-dix comme ceux de Michael Ritchie (Votez Mc Kay !) ou Martin Ritt (Norman Rae), qui eux même avaient été jugés à l’époque, comme Scandale l’a souvent  été, «insuffisamment mis en scène».

« Insuffisament mis en scène » un film qui montre comment le sexisme et harcèlement sont un poison qui se distille au quotidien et modifie inéluctablement les rapports humains ? Insuffisament mis en scène un film qui montre comment les femmes sont sommées de se conformer à un stéréotype et choisit pour cela un casting puissamment théorique (Margot Robbie, Charlize Theron, Nicole Kidman comme trois incarnations à trois âges différents du même canon esthéthique) ? « Insuffisamment mis en scène » un film qui montre comment on demande aux femmes de changer leur apparence quand les puissants se drappent des oripeaux de la bienséance alors qu’ils usent de leur pouvoir pour obtenir un droit de cuissage comme aux temps les plus reculés de l’Histoire ?

Scandale est un film rentre-dedans qui ne se cache pas derrière son petit doigt, montre la complexité de jauger la limite entre arrivisme et abus (sachant que l’abus arrive parce que certains utilisent l’ambition des autres comme d’un levier pour assouvir leurs pulsions ), qui ne se présente pas comme beaucoup de films du genre avec une vérité toute prête à laquelle le public est acquise et que le propos sera de convaincre des méchants de fiction du bien fondé d’un jugement que personne ne remettait plus en cause. Au contraire, Scandale prend le parti de montrer comment une vérité aussi évidente peut-être longue et complexe à prouver et à mettre en lumière.

Et de se dire rétrospectivement qu’Austin Powers était déjà une satire irrésistible du machisme de certains hommes.