A bientôt j'espère

(To Chris M.)

mercredi 16 janvier 2013

Loin de l'aurore



Seul dans ton lit défait, tu crées des souvenirs.
Passé, présent, futur... le temps se plie à toi
Scientifique sans bagage, machine à désirs,
Tu es le rouage qui modifie les lois.

Un parc en plein hiver, un chocolat chaud,
De la boue sous tes pieds, un chemin vers un hameau,
Des arbres sans feuilles, des animaux qui veillent,
Des oiseaux abrités, la nature en sommeil.

Un matin de printemps, la lune encore présente,
Tu te promènes dans la ville l'humeur aimante.
Les couleurs te semblent incroyables et jamais vues
Ton univers ne fut jamais ainsi perçu.

Hier, demain, Idem ; tu es frère de Cronos,
Tu te meus dans le temps, comme dans le ciel l'albatros.
Ton esprit divague, ton âme s'évade ;
Pourtant tu ne vois pas ton corps qui se dégrade.




vendredi 11 janvier 2013

Maniac (fin) - Bertrand Betsch


Sortir de MANIAC et réécouter en rentrant chez soi dans le métro cette chanson de Bertrand Betsch, "La complainte du Psycho-killer", tirée de son premier album "La soupe à la grimace". Inoubliable.

http://www.youtube.com/watch?v=VU59t3uYm9g


jeudi 10 janvier 2013

Maniac (4) - Dernière séance


Dernière séance de Laurent Achard.

Il y a film récent auquel on pense beaucoup en regardant Maniac de Frank Khalfoun, qui ferait un formidable complément dans un double-programme serial-killer, c'est le très beau Dernière Séance de Laurent Achard. Pourtant on ne peut pas dire lorsque nous avions vu ce dernier qu'on ait particulièrement pensé à Maniac de William Lustig, hormis le fait que ce sont deux films de tueurs en série. Ce qui rapproche Maniac 2013 de Dernière séance, c'est bien évidemment leurs héros trentenaires qui ressemblent à des petits garçons (Pascal Cervo / Elijah Wood) et ne cessent de rêver de leur maman. Ils sont coupés du monde et vivent en autarcie dans un univers figé dans le passé (une veille salle de cinéma projetant French Cancan, de Renoir ; une boutique de mannequins). La nuit, ils rôdent dans la ville à la recherche de leurs proies, usant du couteau pour tenter de déchiqueter  le monde extérieur qui les effraie. Ces garçons sont des spectateurs de cinéma. Dans le Laurent Achard, cette donnée fait partie de la fiction. Dans le Frank Khalfoun elle est montrée de façon métaphorique (tout le film en vue subjective, c'est un film du point de vue de la caméra, du point de vue du cinéma) et parfois littérale (le tueur emmène son amie voir Caligari au cinéma). Le projectionniste, le réparateur de mannequins... nous sommes comme eux, cinéphile au teint blafard, cherchant dans l'obscurité de la nuit et des salles cinéma un apaisement à nos tourments.

Maniac (3) - Image du bonheur


Dans Maniac, il y a une image du bonheur : un après-midi éclairée par une lumière orangée, près d'un lac où nagent des canards, en compagnie de la femme aimée. Cet instant durera le temps de son énoncé, la migraine dont est souvent victime Zito venant mettre fin prématurément à ce moment suspendu dans le temps. Mais cette image du bonheur deviendra un fardeau dont il lui sera impossible de se défaire. Image figée, elle désigne à la fois que le bonheur peut exister (la preuve, il fut éprouvé) et en même temps qu'il sera fugace, ponctuel, impossible à reproduire, à peine débuté déjà terminé. Ce morceau de réalité devenu image mentale met en évidence que le reste n'est que solitude et désolation. Avoir éprouvé le bonheur un jour, c'est devoir trainer à jamais le désespoir de son souvenir.  

mardi 8 janvier 2013

Maniac (2) - l'oeil du tueur




Le Voyeur de Michael Powell : le tueur armée de sa caméra surmontée d'une baionette

Une image du tournage de Maniac. Le spectateur ne regarde plus le tueur filmer, le spectateur prend la place de l'oeil du tueur
Dans Le Voyeur de Michael Powell, le héros tuait les femmes avec sa caméra augmentée pour commettre les meurtres. Il pouvait ainsi filmer l'agonie de ses victimes en les regardant mourir dans l'œilleton du viseur de la caméra. En de brfs instants, le film passait en caméra subjective pour voir ce que voyait le tueur. Dans Maniac, le tueur n'a pas de caméra, mais c'est encore plus extrême, la caméra est dans son oeil, tout le film étant filmée en caméra subjective. L'oeil du spectateur se confond donc avec le regard de l'assassin. Jusqu'à ce le meurtre soit commis. Idée  magnifique, au moment où la victime rend son dernier souffle, la caméra se désolidarise Frank Zito, flotte dans les airs et cadre le jeune homme regardant désemparé sa victime, c'est donc l'inverse du Voyeur. Le film repasse un bref instant en un mode "objectif" . La caméra est perçue comme une force maléfique s'emparant des corps, et reprenant sa liberté une fois l'appel du sang assouvi. Le cinéma n'est pas une catharsis, mais une malédiction.

lundi 7 janvier 2013

Maniac (1)



Dans la catégorie "film réalisé pour des raisons bassement commerciales et donnant au final un chef d'oeuvre", Maniac ferait presque figure de cas d'école. Jugez plutôt : un remake d'un film d'horreur des années 80 parce que tous les classiques du genre y passent, écrit et produit par Alexandre Aja cinéaste qui ne fait plus qu'enchainer les remakes en tout genre en ayant abandonnée l'idée de tourner un film plus personnel, et qui ne réalise même pas celui là, préférant le confier à Frank Khalfoun, ancien assistant réalisateur de son père Alexandre Aracady (sic) et déjà homme de main  pour Aja le temps du médiocre P2...  Une configuration qui laissait augurer le pire. Et pourtant Maniac est une claque cinématographique, un remake qui respecte à la fois le matériau d'origine tout en proposant une relecture personnelle, un film d'horreur à la sauvagerie effarante, une ballade nocturne inoubliable dans un Los Angeles qu'on n'avait jamais vu filmé ainsi (toutes ces rues commerçantes assez laides, ces ruelles sordides, ces parkings grillagés, ses artères vides), un voyage mental sidérant rythmé par la bande originale hypnotique de Rob quelque part entre Vangelis, Jean-Michel Jarre et les Goblins, et surtout un portrait déchirant d'une âme damnée emmurée dans sa solitude et son impossibilité de communiquer avec autrui, un esprit malade dont le cerveau ne parvient plus à distinguer la réalité des mirages de son esprit (les scènes où il se souvient de sa mère ne sont pas traités comme des flash backs mais sont mis au même niveau que les scènes réelles), et qui a pour seuls amis les inquiétants mannequins de sa boutique qu'il restaure avec amour. Le spectateur dans le noir de la salle de cinéma devient ainsi le temps de la projection le tueur du film grâce à la magie de la caméra subjective et lorsque le tueur meurt à la fin, c'est de la compassion qu'il éprouve pour ce meurtrier abject,  mais dont le partage des affres et des tourments le temps de la projection firent de lui un double maléfique.