lundi 26 octobre 2015

Alexandre Sokourov à propos du cinéma




« Très peu de films peuvent survivre avec le temps. Un film de fiction vieillit en trois ans. Un film naît infecté, souvent par son réalisateur lui-même, et il commence très vite à s’autodétruire. Quand il survit encore au bout de cinq ou six ans, c’est énorme,  et alors il ressemble à un vieux rhinocéros au corps déformé : les acteurs sont devenus maniérés, le montage irregardable. (…) personne ne peut analyser cela. Les tropes artistiques vieillissent, les significations vieillissent. Et quand il y a beaucoup d’hystérie artistique, ça se transforme encore plus vite en poussière ».  

in les Cahiers du cinéma, novembre 2015

Parole de cinéastes : Joe Swanberg

"For better or worse, I am from a generation that very much wants to consume and reconsume its own shit. . . . Unfortunately, what happens to my generation is, we don’t just watch Breakfast Club two times while it’s in movie theatres. We watch Breakfast Club sixty-nine times between the age of twelve and twenty-five, and we convince ourselves that The Breakfast Club is a genius movie. You have this wrapped up nostalgia and regurgitation and overconsumption of mediocre shit. It is a bad direction that our culture is going in. And I directly tie that to the video store. We had every movie ever made available to us to freeze-frame and scroll through and totally overanalyze. Movies aren’t meant to be held up to that level of scrutiny. Most aren’t. The ability to know and study every shot of a movie until you know it by heart is not necessarily great. Not like being inspired by something and making your own art from it. It becomes heady and intellectual rather than emotional. You actually remember them better if you sort of misremember them"

Richard Brody dans sa critique parue dans le New Yorker, citant un extrait du livre  "I lost It at the Video Store : A Filmakers' Oral History of a Vanished Era" de Tom Roston. 

Paroles de cinéastes : Virgil Vernier




A propos du droit d'auteur et de son film Iron Maiden composé de photos trouvées sur le Net :

« De façon plus générale, toutes ces complications autour des droits, ça me donne juste envie de dire « Fuck ! »... sur la musique, pourquoi quand je vais à Franprix, je dois me taper de la varièt’ de merde ? Pourquoi quand je vais au cinéma, je dois me taper une demi-heure de publicités de merde sur des esquimaux ? On devrait nous donner de l’argent pour subir ce genre de choses. On nous impose tellement de choses sans que l’on ait le moindre droit... À nous de faire des films et d’utiliser la musique de la Warner si on en a envie. On s’en fout, c’est la guerre ! »

sur le site ww.critikat.com

samedi 24 octobre 2015

CHAPPIE




Chappie c’est un mash up entre un actioner de SF émouvant et destroy et un documentaire promotionnel pour le groupe de rap Die Antwoord.

Chappie c’est une fable sur la transmission où un enfant-robot cherche une maman, et où des adultes au comportement adolescent (Dev Patel, Hugh Jackman) défient l’autorité maternelle incarnée par Sigourney Weaver.

Chappie ce sont des trajets de proximité en véhicule utilitaire blanc entre les open space blafards d’une société située dans une zone industrielle et des squats colorés de centre ville graffés par des street artists.

Chappie, c’est un peu comme si un Robocop pour enfant avait été filmé à Vitry-sur-Seine.

vendredi 16 octobre 2015

Metropolis II / Knight of Cups

Christian Bale et Natalie Portman, lors de leur visite au musée LACMA de Los Angeles passe devant une "miniature" géante reproduisant une ville et des échangeurs sur lesquels circulent des petites voiturs;
L'oeuvre est de Chris Burden, un arriste américain mort cette année à l'âge de 69 ans.
 Bizarrement, son oeuvre n'est pas créditée dans le générique de fin alors que celles de Bruce Nauman et Robert Therrien que l'on voit dans la même scène le sont.






jeudi 15 octobre 2015

"Le songe de la lumière" de Victor Erice







Les films consacrés aux peintres, et aux artistes en général, se contentent le plus souvent d’énumérer quelques banalités de leur biographie, comme si c’est à travers celle qu’on saisirait la singularité de leur art, ou éventuellement de les montrer au travail mais pour quelques scènes seulement. Le songe de la lumière est sans doute le seul film de l’histoire du cinéma entièrement consacré à un artiste en train de fabriquer une œuvre, et ses tâtonnements pour y arriver. Pendant 2h30, Victor Erice filme un ami peintre, Antonio Lopez, bien décidé à peindre le cognassier qui pousse dans son jardin à la fin de l’été. Mais la tâche est ardue : la lumière change, l’automne arrive et les pluies avec, il faut installer un barnum pour protéger l’arbre, la perspective envisagée au départ n’est finalement pas la bonne et il faut tout recommencer. Pendant ces longues semaines de labeur, la vie continue : une amie vient voir l’avancée des travaux, avec un camarade de jeunesse lui aussi artiste  ils échangent sur leur art, la radio diffuse des actualités à propos de la Guerre du Golfe (1991). Pour Erice, le monde tient dans ce jardin. Et au spectateur d’imaginer que pour fabriquer ce film hors norme, d’une légèreté et en même temps d’une profondeur inouïe, lui aussi a du vivre aventure similaire.