jeudi 15 octobre 2015

"Le songe de la lumière" de Victor Erice







Les films consacrés aux peintres, et aux artistes en général, se contentent le plus souvent d’énumérer quelques banalités de leur biographie, comme si c’est à travers celle qu’on saisirait la singularité de leur art, ou éventuellement de les montrer au travail mais pour quelques scènes seulement. Le songe de la lumière est sans doute le seul film de l’histoire du cinéma entièrement consacré à un artiste en train de fabriquer une œuvre, et ses tâtonnements pour y arriver. Pendant 2h30, Victor Erice filme un ami peintre, Antonio Lopez, bien décidé à peindre le cognassier qui pousse dans son jardin à la fin de l’été. Mais la tâche est ardue : la lumière change, l’automne arrive et les pluies avec, il faut installer un barnum pour protéger l’arbre, la perspective envisagée au départ n’est finalement pas la bonne et il faut tout recommencer. Pendant ces longues semaines de labeur, la vie continue : une amie vient voir l’avancée des travaux, avec un camarade de jeunesse lui aussi artiste  ils échangent sur leur art, la radio diffuse des actualités à propos de la Guerre du Golfe (1991). Pour Erice, le monde tient dans ce jardin. Et au spectateur d’imaginer que pour fabriquer ce film hors norme, d’une légèreté et en même temps d’une profondeur inouïe, lui aussi a du vivre aventure similaire. 


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