lundi 18 avril 2016

Jem et les Hologrammes de Jon Chu (CRITIQUE)

The Runaways



Le critique de cinéma américain Matt Zoller Seitz a eu cette formule géniale à propos de Jem et les Hologrammes, comparant le film de Jon Chu à « Josie et les Pussycats filmé par Terrence Malick ». Au-delà de l’oxymore apparent que cette phrase induit, elle pointe précisément très précisément là où réside la beauté du film, dans sa lumière.  

Jem suit une trame très conventionnelle sans chercher spécialement à la rendre plus consistance ou plus crédible qu’à l’habitude, celle d’un apprenti groupe cherchant sa voie tandis qu’il se trouve pieds et poings liés aux mains de producteurs cyniques et mercantiles. Sans remonter jusqu’à Une star est né ou Phantom of The Paradise (dont il retrouve le glam dans son finale), la comédie pop anglo-saxonne a produit deux amusantes bandes dans les années 90, ledit Josie et les Pussycats et le méta Spice World – le film.  Jem pourrait compléter cette trilogie ne serait-ce par le personnage de Juliette Lewis, parfaite en directrice de label cynique et hystérique, mais là où Jem tranche par rapport à ses deux aînés, c’est par son traitement très différent de la couleur et du ton employé. Alors que les deux bonbons acidulés susnommés brillaient par leurs couleurs pastel et leur humour camp, Jem arbore un ton plus sérieux qu’on aurait pu l’imaginer et surtout le film se déroule essentiellement de nuit. Les sources de lumière sont le plus souvent à l’intérieur du plan (du moins en apparence). Ainsi, une chorale improvisée sous la jetée de San Monica (et oui, on peut encore penser à Terrence Malick et Knight of Cups où plusieurs scènes se déroulent au même endroit) est uniquement éclairée par le petit robot Synergy ; le premier concert de Jem est interrompu par une coupure d’électricité. Jem décide de poursuivre pourtant le show en demandant au public de l’éclairer avec les lampes torches de leurs téléphones, et s’empare d’une guitare sèche pour poursuivre sa performance. Bref, pour traduire la crise existentialiste de son héroïne s’interrogeant sur quel adulte être, le film choisit le mode acoustique, unplugged, d’où son atmosphère calme, ses mots chuchotés, ses voix off décrivant les doutes de son héroïnes, ces regards perdus dans le lointain, ces plongeons dans la mer dont on espère ressortir transformée (Terrence Malick encore !). Dans un entretien accordé aux Cahiers du cinéma, le réalisateur Jeff Nichols expliquait avec Midnight Special que les films de Malick se déroulaient surtout de jour pour utiliser la lumière naturelle, mais que lui voulait montrer à quoi ressemblerait ce genre d’esthétique, mais de nuit. Finalement, à la surprise générale, c’est Jon Chu qui aura réussi la démonstration.


PS : comme Jem fait tout pour que ses sœurs fassent partie du groupe au grand désarroi de sa productrice qui voudrait vendre une chanteuse solo, Jon Chu a retrouvé les « hologrammes » de sa webserie the L.X.D. :  Ryan Randels au scénario, Nathan Lanier a la musique originale, et la virtuose Alice Brooks a la photo.

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