jeudi 2 février 2012

Star Suburb / Stéphane Drouot

Stéphane Drouot vient de nous quitter nous laissant avec les espoirs déçus qu'ils laissent derrière lui.  "Déçu" n'est pas le bon terme puisqu'il n'aura en fait pas eu le loisir de nous décevoir. En 1983, il réalisait STAR SUBURB, court métrage de science fiction dans lequel une petite fille, Mireille, perdue quelque part dans sa banlieue de l'espace, cherchait à jouer à un jeu téléphonique du futur espérant obtenir gloire et succès. Il y a 30 ans, STAR SUBURB était devenu une bête de festival et récolta tous les prix, du grand prix de Clermont Ferrand au Cesar du meilleur court métrage. Et puis ensuite... plus rien... Stéphane Drouot a multiplié les projets, s'est enfermé dans diverses addictions jusqu'à se couper du monde et finir seul, sous tutelle, dans un appartement de banlieue. Cruelle ironie que de finir dans l'univers de son film. STAR SUBURB a sans doute un peu vieilli visuellement, mais qu'importe, l'émotion est toujours là. Son sujet, l'attrait de la gloire, les micros crochets, la célébrité-minute, le rapport à l'imaginaire américain est plus que jamais d'actualité, et on se dit que pas grand chose n'a changé depuis trente ans, ou que tout était déjà là. Le film est d'une grande fragilité et même temps d'une grande assurance dans son esthétique (le 16mm scope, en N&B et en couleur selon les séquences, est magnifique).

En haut : Mireille / En bas : toujours Mireille se rêvant en princesse Léïa de banlieue


 Le magazine que l'héroine feuillette, entièrement conçu par Stéphane Drouot, l'homme des collages.


A chaque vision, on se plaît à repérer les petits détails qui ornent le cadre, les meubles, les personnages. Comme ce réfrigérateur qui s'appelle "Point de vue", référence au bouquin Hitchcock/ Truffaut dans lequel le metteur en scène des Oiseaux expliquait qu'on ne pouvait pas mettre la caméra partout, par exemple pas prendre le point de vue du référigérateur.



L'héroine interprétée par une certaine Caroline Appéré est sidérante de justesse, de fragilité mais aussi de butée rentrée. Elle est le coeur de ce film où tout est trop grand, comme l'imaginaire de son héroïne, et en même temps tout est petit, maladroit, fragile (Caroline, si vous nous lisez par hasard un jour, pourriez vous prendre contact avec moi ?).

Apprenant la mort de Drouot, on a revu pour la nième fois STAR SUBURB, et on en est ressorti le coeur en lambeau.






3 commentaires:

  1. il y a un DVD "Clermont Ferrand - 25 Ans De Courts Métrages" qui le propose... un super DVD.
    je vous l'aurai bien envoyé (le film) par ailleurs, mais je ne l'ai pas sous la main en ce moment (il est qq part dans un carton)

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