vendredi 1 avril 2011

It was on earth that I knew Joy


Ce film de Jean-Baptiste de Laubier plaira:

- aux fans de La Jetée de Chris Marker (c'est une variation sur le même sujet; une scène se déroule même au bar La Jetée à Tokyo)

- aux amateurs de films à la voix off structurante et essentielle montée sur des images simples voire banales (pour citer quelques chefs d'oeuvre : Disneyland, mon vieux pays natal d'Arnaud Des Pallières, Sub de Julien Loustau)

- aux angoissés du nucléaire : on y parle d'un virus qui se répand dans le monde et tue les gens les uns après les autres (le film est raconté par un robot qui a enregistré les souvenirs d'un homme).

- aux amateurs de Para One, l'artiste électro, nom de scène de Jean-Baptiste de Laubier. Para One, entre autres choses, a produit des tueries comme Hélium Liquide de l'Armée des 12 ; a composé le sublime score de Naissance des pieuvres de Céline Sciamma (réalisatrice créditée ici comme "script doctor"). Le tissu sonore de It was on earth that I knew joy est extremement beau , assez peu inquiétant mais très mélancolique, il donne à ce film l'épaisseur du rêve. La plupart des images du film ont été filmée lors d'une tournée de Para One dans le monde.

- à ceux que les fins positives peuvent enchanter. La conclusion joyeuse d'une oeuvre apocalyptique est une heureuse surprise, comme une fleur poussant sur du fumier.

It was on earth that I knew joy souffre d'une gros grande proximité avec le cinéma de Marker, on aurait aimé que Laubier soit moins dans le "à la manière de" et trouve une forme plus personnelle. Mais en l'état, son film reste une superbe oeuvre de SF, intense et émouvante.

lundi 28 mars 2011

Des nouvelles de Philippe Barassat



Il y a quelques jours, on vous signalait l’existence du site http://www.barassat.com/ présentant les courts-métrages de Philippe Barassat ainsi que les aventures ayant conduit son film Lisa et le pilote d’avion, starring Eric Cantona, Rachida Brakni, Marilou Berry, Mathieu Demy à rester inachevé et invisible. On a voulu demander au réalisateur, en exil au Maroc, la situation actuelle du projet.

Que s'est-il exactement passé avec Eric Cantona ?
Eric Cantona était co-producteur sur le film pour 250 000 euros dont 60 000 qui couvraient les dépassements dûs à la dernière semaine de tournage qu'il souhaitait en tant que coprod que nous fassions (avec l'engagement de les donner au lendemain du dernier jour de tournage) et cela en échange de 30% des parts du film. Mais à la date dite il s'est désengagé ce qui a amené la société à la faillitte et lui a permis de racheter pour 10 000 euros le film avec 100 % des parts et l'engagement contractuel de finir le film avec un apport perso de 200 000 euros. Les contrats d'acteurs de Cantona et de sa femme Rachida ayant mystérieusement disparu, nul autre que lui ne pouvait racheter le film. C'est pourquoi Florence Vignon, co-scénariste, [César de la meilleure adaptation pour Mademoiselle Chambon ; actrice dans Le Bleu des villes] et moi même avons accepté cette proposition qui nous garantissait la bonne fin du film. Mais il ne s'est rien passé et Cantona a alors quasiment disparu. Ce n'est que lorsque son avocat lui a rappelé que si le film n'était pas terminé dans les deux ans (nous arrivions à l'échéance) il devait rembourser l'avance de 400 000 euros au CNC que Cantona a décidé de lancer un petit tournage pour des scénes qu'il m'a faite réécrire et de lancer les finitions du film. J'ai alors préparé ce tournage, mais le jour dit, personne n'était là, et personne ne m'a prévenu de l'annulation du tournage. Entre temps son avocat avait obtenu l'asssurance du CNC qu'on ne lui demanderait pas le remboursement .

Où en est le film aujourd'hui ?
Le film est toujours bloqué et la situation reste inchangée. Après un premier jugement qui a condamné les Cantona à me payer une petite partie de mes droits d'auteurs et à me rendre ainsi qu'à Florence Vignon ces dits droits, nous avons décidé de faire appel, car du fait de ce jugement qui conserve à Cantona le matériel du film en lui en retirant les droits, aucun de nous ne peut plus faire quoi que ce soit et le film est ainsi tué par le jugement. En vérité, le juge rappelait que Cantona était dans l'obligation de rembourser l'avance sur recettes au CNC si le film ne se terminait pas, LA décision rendant définitivement impossible la finition du film, le remboursement est obligatoire. Je pense que si le jugement a été en première instance quelque peu clément envers les Cantona, c'est afin de ménager une porte de sortie au film: mis devant l'obligation de rembourser les 400 000 euros, du fait de ce jugement, Cantona devrait plutôt vouloir sortir les 200 000 euros qu'il s'était engagé à mettre dans le film très officiellement au moment de son rachat auprès du liquidateur judiciaire (c'était même la condition de rachat) et terminer, avec mon accord, le film.

Malheureusement c'est sans compter sur le CNC qui malgré de nombreuses lettres de ma part continue à protéger Cantona en refusant de lui réclamer ce qu'il doit, bloquant à nouveau la situation de façon tout à fait scandaleuse. En effet le CNC choisit depuis le début de privilégier des producteurs incompétents, déterminés à détruire ce film, et désormais condamnés par la justice, et cela en toute illégalité, (puisque le remboursement de l'avance sur recette est obligatoire dans notre cas). Et cela au détriment d'un auteur réalisateur à qui on a refusé toute dérogation pour qu'il puisse présenter de nouveaux films (Lisa ayant obtenu l'avance sur recettes, je ne peux plus présenter d'autre film tant qu'il n'est pas terminé). La seule dérogation qui m'ait enfin été accordée l'année dernière m'autorise à présenter mes projets au second collège du CNC, c'est à dire en concurrence avec des auteurs qui ont déjà réalisé des films de long métrage, que l'on peut voir et qui permettent ainsi d'évaluer le projet présenté, ce qui n'est bien sûr pas mon cas.

Que deviens la version longue du Nécrophile, Amours mortes, qu’on peut visionner en copie de travail sur www.barassat.com ?

Pour ce qui est du Nécrophile, la boite de production ayant fait faillite, mes projets et mes films ont été emportés avec et je dois les racheter et trouver les sous pour les terminer. C'est à peu prés fait avec "Le nécrophile" version longue, où il manque encore la conformation et l'établissement de la copie zéro. Mais le film dérange profondément et semble dangereux à tout distributeur.

De quoi vis-tu depuis l’arrêt de Lisa ? (parenthèse : on n’évoque jamais chez les réalisateurs de films la précarité dans laquelle beaucoup vive, comme si le fait de parler de la société annulait leur appartenance à celle-ci, avec les difficultés économiques que cela comporte, comme tout un chacun. Fin de la parenthèse)

Disons que je survis plus que je ne vis, à cinquante ans ou presque sans autre compétence que celle de cinéaste et ne pouvant exercer mon métier, il est très difficile de trouver du travail, à part livreur des journaux à 600 euros par mois, ce qui est peu pour vivre à Paris. Je vis donc actuellement sur les sous gagnés lors du procès et en m'exilant hors de France dans un pays moins cher. J'ai bien sûr conservé mes amis les plus proches, mais j'ai du faire face à une indifférence généralisée, un peu comme si j'étais un pestiféré, mes films et moi même sombrant peu à peu dans l'oubli.

Qu’as-tu fait depuis l’arrêt de Lisa, il y a plus de quatre ans maintenant ?

Malgré l'assassinat de mon œuvre et de mon travail par Cantona avec la complicité du CNC, je continue à écrire et à essayer de monter des projets, mais je n'ai guère d'espoir de motiver un producteur qui ne peut être qu'inquiet de savoir que mon précédent film est inachevé et que je n'ai aucune possibilité d'obtenir une avance sur recettes. Pour survivre après une période de RMI (dû au fait que sur Lisa je n'avais pas été payé et que je n'avais donc pas d'ASSEDIC), j'ai été livreur de journaux la nuit, et lorsque j'ai enfin obtenu le paiement de mes salaires, je me suis arrangé pour vivre souvent en dehors de France au Maroc où la vie est moins chère.

J'ai écrit trois nouveaux scénarios : Marinette, un amour fou, Oreste, ou Les dieux ont soif et en collaboration avec Frédéric Lecoq Les entravés et je continue à travailler sur d'autres scénarios perso que j'essaie d'aboutir.

Marinette c'est l'histoire de l'amour démesuré d'une mère pour sa famille, ses enfants et son mari à qui elle consacre sa vie. La mort accidentelle du dernier bébé provoque la séparation du couple. Marinette va tout faire pour le reconquérir, jusqu'à l'internement psychiatrique et le lavage de cerveau.

Oreste est l'adaptation de la tragédie grecque, dans un coin abandonné et misérable du Maroc que la modernité semble avoir épargné. C'est aussi une réflexion sur le terrorisme.

Enfin, Les entravés, est un voyage sexuel au cœur de l'univers des personnes les plus handicapées, l'histoire d'un jeune homme qui, pour arrondir ses fins de mois et payer les études de sa fiancée, se prostitue auprès de personnes lourdement handicapées jusqu'à devenir leur jouet.

Pour ces trois films j'ai obtenu les accords de tous les acteurs que je souhaitais. Ce sont des films que l'on peut réaliser avec des moyens minimums, en décors naturels, mais qu'aujourd'hui aucun producteur n'accepte de lire, compte tenu de ma situation.


Rien à voir avec le sujet, mais plutôt que de nous sortir des intégrales de Stanley Kubrick en Blu-ray ou un coffret Alien, on se demande s'il ne serait pas plus urgent de sortir des films qui n'ont jamais édité où que ce soit en dvd ou qui restent invisibles. On me traitera de démagogue de dire cela, soit, on me dira qu'il n'y a pas de rapport entre la sortie en Blu-ray de 2001 et la non-sortie de Lisa et le pilote d'avion, soit encore, mais dans un univers d'artistes qui le plus souvent se disent de gauche, on s'étonne un peu (naïvement sans doute)  que là, autant qu'ailleurs, on ne prête qu'aux riches.

Tout ça pour dire qu'on a très envie de voir un nouveau film signé Philippe Barassat.

dimanche 27 mars 2011

RIP Greg Centauro

Le hardeur et réalisateur Greg Centauro est mort d'un arrêt cardiaque à Budapest. Le souvenir de Centauro restera intimement lié aux films qu'il interpréta dans les années 90 avec sa compagne de l'époque Clara Morgane, qui ne tourna (quasiment) qu'avec lui comme partenaire masculin. Leur séance de casting filmée par Fred Coppula et visible dans Projet X restera mémorable. Visiblement amoureux, le couple se donnait avec passion devant la caméra de Coppula. Après sa séparation, ce beau gosse continua une carrière prolifique mais moins mémorable. Il était passé derrière les caméras, mais nous n'avons vu aucun film réalisé par lui. On doute qu'il soit aux Cesar l'année prochaine dans le slideshow des défunts, alors on se permet ici une petite pensée cinéphilique pour l'acteur trop tôt disparu.

samedi 26 mars 2011

Eux et lui

Eux et moi, de Stéphane Breton (2001)

J’ai toujours regretté de ne pas avoir su voyager. A l’étranger, je me sens toujours comme un intrus ne regardant que la surface des choses et des gens qui se présentent à moi. Impossible d’écorcher ne serait ce qu’un peu de ma peau de touriste au regard ébloui mais creux. J’ai pourtant toujours eu la plus grande admiration pour ces gens qui parviennent à explorer les continents en parvenant à s’immerger dans une autre culture. De Nicolas Bouvier à Chris Marker, j’aime ces hommes qui me montrent l’Autre comme moi-même je n’arrive pas à le voir.

Tout ça pour dire que Stéphane Breton, ethnologue et cinéaste, a su relativiser quelque peu mes faiblesses dans son film Eux et moi. Ce film, ainsi que cinq autres du même réalisateur, viennent de sortir en dvd aux Editions Montparnasse dans un coffret intitulé L’usage du monde, vol.2 . (1)

Stéphane Breton est l’anti-touriste. Ethnologue de formation, il a rendu visite plusieurs mois par an pendant plusieurs années à la même tribu papoue de Nouvelle Guinée. Il a habité au même endroit, fréquenté les mêmes gens. Il a même appris au contact de la population leur dialecte pratiqué par seulement quelques milliers de personnes là-bas sans manuel d’apprentissage (il n’en existe pas). C’est un adolescent qui lui a appris les rudiments du langage, sans que cet « enseignant » parle une autre langue que la sienne. C’est ensuite par observation et par mimétisme que Breton a petit à petit maitrisé les rudiments pour lui permettre de dialoguer, comme un enfant apprend à parler. « Enfant » c’est ainsi que le traitent les papous qui se moquent de son maîtrise approximative de leur langue. L’ethnologue a bien du mal à être pris au sérieux. Les habitants se demandent ce qu’il peut bien faire là. Et surtout, les papous l’exploitent en permanence. Parce que c’est un blanc venu avec du matériel, il cherche à lui acheter des produits qu’il apporte. Parce qu’il maîtrise mal la langue, on essaie de l’arnaquer. Parce que c’est un homme « riche » le moindre service, la moindre parole racontée à l’homme de science doit être rémunérée. Une des premières scènes du film montre la main de Breton obligé de distribuer des billets aux habitants pour les remercier de tel ou tel service. L’ethnologue est dépité : il était venu étudier une peuplade coupée du monde que nous connaissons, il tombe sur des êtres cupides pour qui l’argent dirige tout. Il vient des années durant au même endroit pour devenir un des leurs, il restera toujours un étranger. Il fait l’effort colossal d’apprendre leur langue, on rit de lui parce qu’il parle mal. Il essaie d’être leur ami, on lui donne finalement acte de cette envie en lui proposant de participer à une ratonnade. Il essaie d’être discret pour faire son travail d’ethnologue pour que son objet d’étude se comporte comme s’il n’était pas là, on lui montre bien que sa présence n’est jamais invisible, même après des années passées là bas. Eux et moi, c’est l’anti Rendez-vous en Terre Inconnue , l’émission de Frédéric Lopez où l’animateur part avec une star chez des peuplades reculées découvrir le vrai sens des choses. Ici tout est compliqué pour le réalisateur. Tout se monnaie. Mais Breton s’accroche. Quand il se fait arnaquer par son ami, il le lui reproche. Quand un chef le tance violemment parce qu’il n’a pas fait de commerce avec lui, Breton répond. Quand des gamins l’embêtent, il les envoie vertement balader. Quand il se dégoûte de devoir rémunérer un vieil homme qui lui a raconté des rites de la peuplade, Breton filme avec intérêt le vieil homme rangeant méticuleusement son argent dans un portefeuille fait de feuilles et de tiges. Car au fond, ces gens là sont comme nous. Ils ont beau vivre nus dans la forêt, leurs défauts sont les nôtres. Mieux, cette façon de faire circuler l’argent organise leur vie. Car il n’y a pas que des billets mais aussi des coquillages mystérieux à qui ils prêtent une importance considérable (c’est grâce à eux qu’on peut acheter « une mâchoire de fiancée »). Après des débuts difficiles, Breton trouve donc le sujet de son film en s’intéressant à ces gestes du quotidien qui font le prix de sa présence. Des gens qui fument en prenant leur temps. Une petite fille qui trouve une patate dans un champ. L’argent qui circule. Entièrement filmé en caméra subjective (Breton dit porter sa caméra autour du cou comme une vache porte sa cloche), Breton commence son documentaire comme une comédie « Fish out of the water » , mais le changement de ton ne s’opère pas lorsque le poisson s’adapte enfin à son nouvel environnement (un poisson ne s’adapte pas à l’air libre) mais quand il comprend que son rôle de cinéaste réside justement dans le besoin de filmer les choses les plus banales du quotidien, car la beauté du monde réside là et pas dans l’idée d’une assimilation impossible (2). Et ce « là » aurait pu tout autant être ailleurs… ce que Breton démontrera dans Le Monde extérieur (2007) tourné quelques années plus tard à Paris mais qui est le fruit de cette expérience guinéenne. (à suivre)


(1) Stéphane Breton, commissaire d’exposition au Musée du Quai Branly, est le responsable de cette collection co édité par le musée. Le volume 1 regroupe différents documentaires, dont deux signés Stéphane Breton. Nous y reviendrons.

(2) Le pénible terme d’assimilation pour désigner les étrangers qui se comporteraient comme les autochtones montre ainsi ses limites : l’Autre est différent et pareil à la fois, et c’est très bien ainsi.

jeudi 24 mars 2011

Interview de Stephen Norrington (octobre 2003)

Cet entretien avec Stephen Norrington a paru en octobre 2003 dans Ciné DVD Vision (ou Ciné Vision je ne sais plus). J'étais content de cet entretien car c'est le seul paru dans la presse française (et américaine je pense) avec Stephen Norrington qui sortait de l'échec commercial de son victorien La ligue des gentlemen extraordinaires. Le cinéaste britannique n'est pas retourné derrière la caméra depuis, quant à son meilleur film, The Last minute, il a fini par sortir en DVD en France. On vous recommande ce film épatant.

(cliquer sur les images pour agrandir).


 



 

mercredi 23 mars 2011

Hark in the Dark


ATTENTION SPOILER.

Le Détective Dee, ancien révolutionnaire mis au bagne pour sa contestation du pouvoir, est mandaté par ledit pouvoir pour découvrir les responsables des attentats menaçant l'équilibre du pays. L'esprit contestaire du personnage est rapidement mis sous le boisseau au profit d'une défense de l'union nationale. Et comme le rappelle un des personnages, de toute façon  "Les réformes on s'en lasse vite" (de mémoire). Le détective découvre le vrai grand méchant de l'affaire qui n'est ni l'Impératrice pratiquant la torture, ni un des Seigneurs belliqueux de la région, mais un prisonnier révolutionnaire ancien ami de Dee. Tsui Hark, en tournant en Chine, doit accepter la contrainte de tout film à grand spectacle tourné là bas : être du côté du marteau (et de la focile). Curieux d'entendre ça lorsque l'actualité récente est dominée par les révolutions du monde arabe.

Le film a beau montrer un Bouddha géant s'effondrant in fine, le pays reste droit dans ses bottes et ne tangue pas. A la fin, Dee, empoisonné par un produit entrainant la combustion spontanée de la personne l'ayant ingéré au contact des rayons du soleil, doit se cacher dans un monde sous-terrain interlope à l'abri de la lumière. Libéré au début du film, le personnage retrouve une autre prison. On se demande si ce n'est pas ce qui attend Tsui Hark dont le style ne semble émerger que par intermittence (la fabuleuse scène de l'attaque des deux amants nus dans une l'auberge sous les flèches des ennemis).

mardi 22 mars 2011

Lisa et le pilote d'avion

Marilou Berry et Rachida Brakni


Sur le site du réalisateur Philippe Barassat, on peut non seulement visionner ses courts-métrages (dont l'émouvant Mon copain Rachid) mais aussi le rare Nécrophile dans sa version courte et muette, uniquement diffusée une fois sur Arte, ainsi que, ô miracle, la version complète de ce même film, intitulée Amours Mortes, version n'ayant jamais été achevée faute de moyens (version étonnante puisque autant la version courte est anxiogène et claustrophique, autant la version longue aère son récit et intègre même une séquence de comédie musicale sur de la musique orientale !!)


Sur ce même site on peut lire les deux articles que j'avais consacré dans Brazil à Barassat, celui relatant les péripéties de production du Nécrophile, l'autre évoquant le tournage de Lisa et le pilote d'avion.

Le Nécrophile
http://barassat.com/article.php?article=article_19_brazil

Lisa et le pilote d'avion
http://barassat.com/article.php?article=p120
http://barassat.com/article.php?article=p121
http://barassat.com/article.php?article=p122
http://barassat.com/article.php?article=p123
http://barassat.com/article.php?article=p124
http://barassat.com/article.php?article=p125

Lisa et le pilote d'avion appartient aujourd'hui à Eric Cantona qui a visiblement décidé de  l'enterrer. Une décision de justice en juin 2010 à condamner l'acteur a versé 11 000 euros d'indemnités à Barassat, autrement rien du tout pour le cinéaste qui voit sa carrière mise au point mort. Et nous prive nous spectateurs de découvrir ce mélodrame délirant et musical.

lundi 21 mars 2011

Nuages apportant la nuit, de Stéphane Breton

Photo de Stéphane Breton
Stéphane Breton, après deux documentaires consacrés à une tribu de Nouvelle Guinée, a réalisé en 2007 un codicille fictionnel à ce dyptique. Nuages apportant la nuit est un montage de photos en Noir et Blanc des gens de la tribu guinéenne (on retrouve comme acteurs des villageois que l’on a vu dans les deux films) et de son environnement sur laquelle Breton narre un conte de son invention. On y suite un homme dont on ne sait rien si ce n'est qu'il transporte une chaise car il a prévu de "s'asseoir de temps en temps"  traversant la jungle et rencontre différents autochtones. On pense à La Jetée de Marker pour la forme (jusqu’à un plan en mouvement au milieu du film, ici un avion en vol se substitue aux battements de paupière de la jeune femme), sauf le ton est plus détendu que dans l’opus science fictionnelle de Marker. Les images n’illustrent pas toujours le propos ou alors lointainement. Quand il parle d’une femme, ce sont des détails de seins, de tétons, des plis autour du nombril qui apparaissent. Le corps devient un espace à explorer, aussi difficile à décrypter que les images de jungle dont on ne sait pas très bien où regarder pour appréhender l’espace. Breton y parle à nouveau de l'inquiétude sur la façon pour un homme de s'intégrer dans une communauté qu'il ne connaît pas.

Editions Montparnasse. L'usage du monde, vol.2 (5 films de Stéphane Breton.)

Harper's bazaar


Jessica Harper figurante dans Taking Off  (le seul plan d'elle dans le film)

Trois ans avant son audition devant Swan pour ouvrir le Paradise, Phoenix participait déjà à un casting musical dans Taking Off de Milos Forman (1971). Elle n'est pas créditée au générique, mais pendant la scène, la responsable de casting demande à plusieurs filles dont "Jessica Harper" de s'approcher.

Le film de Milos Forman parvient en partant de scènes en apparence documentaire à les rendre ductiles jusqu’à chercher leur point de rupture. C’est cette longue séquence d’ouverture, une bonne trentaine de minutes, juxtaposant à l’audition  l’inquiétude de parents (plus ou moins ceux des jeunes gens à l’audition) partant à la recherche de leurs enfants fugueurs. Ou c’est la séquence inversée finale dans laquelle les parents essaient de reproduire ce que font leurs enfants les poussant à se ridiculiser jusqu’à ce que leur progéniture, de retour à la maison, découvre ce capharnaum organisé.

Par son seul regard, elle transforme la fiction voulue par les parents en image documentaire (la vision d'un comportement voué à l'échec).

vendredi 25 février 2011

L'arbre mort

Au milieu de ce film tourné en 8mm, le héros malheureux accompagne un ami dans un cabaret. Contre-champ sur la chanteuse, filmée en 16mm. Plan fixe. Fond noir. La chanson est interprétée in extenso. Dans la présentation du film, le réalisateur Joseph Morder explique qu'il voulait au milieu du récit un entracte . D'où cette longue scène sans coupe, filmée dans un format de pellicule différent du reste. Dans un film américain, on appellerait ça un "money shot" : un plan spectaculaire qui a coûté beaucoup d'argent et qui est montré comme tel afin de marquer durablement le public. Spectaculaire est un terme relatif dans le cinéma de Morder tant son cinéma est modeste dans ses moyens : tournage en 8mm, pas de prise de son direct, la ville de Nice censé figurer la ville d'Amérique du Sud où se déroule l'action. Modeste dans ses moyens mais grand dans son ambition puisque L'arbre mort a été pensé comme un mélodrame "à la Douglas Sirk", même si le résultat singulier ressemble surtout à un film de Joseph Morder. Ce souci du bien être du spectateur en lui proposant un entracte au milieu d'un film ne durant que 90 minutes est une idée formidable : en allouant à cet intermède musical des moyens si ce n'est conséquent, du moins plus importants que ceux alloués aux  autres scènes, Morder fait acte de l'intelligence du spectateur pour qui un film se déroule dans la tête du spectateur plus que devant les yeux. Ce moment, le spectateur peut l'utiliser comme il l'entend : se laisser bercer humblement par le morceau, repenser à à l'histoire qu'on vient de lui narrer, reprendre sa respiration en sortant du film et penser à ce qui lui chante (sic). Lorsque la scène s'arrête et le récit reprend, c'est un spectateur plus aiguisé et plus attentif qui reprend le court du récit.

Film disponible en dvd / Editeur : La Vie est belle

lundi 10 janvier 2011

2010

 
Amer




Oncle Boonmee

Memory Lane

Les films rêvés (Eric Pauwels)
Memory Lane (Mikhael Hers)
Oncle Boonmee (Apichatpong Weerasetakhul)
Robin des Bois (Ridley Scott)
Les Mystères de Lisbonne (Raoul Ruiz)
Amer (Hélène Cattet, Bruno Forzani)
Enter the Void (Gaspar Noe)
Nostalgie de la lumière (Patricio Guzman)
Love exposure (Sion Sono)
Domaine (Patric Chiha)
Low Cost (Lionel Baïer)
Cabeza de Vaca (Nicolas Echeverra)
My soul to take (Wes Craven)
Greenberg (Noah Baumbach)
A Serious man (Joel Coen, Ethan Coen)
Vénus noire (Abdellatif Kechiche)
Escapade fatale (David Twohy)
The Informers (Gregor Jordan)
Runaway (Kanye West)



+ une danse : Moose et Camille sur « I won’t dance » de Fred Astaire dans Sexy Dance 3d









+ deux bandes-originales : Adieu Falkenberg (Erik Enocksson) / Belle Epine (Rob)












+ une actrice : Juno Temple dans Kaboom (Gregg Araki) 
I have this huge exam on Monday and I was thinking I could really used a good orgasm”