dimanche 27 décembre 2020

Elisheba

Adieu la grenade, symbole de Tanit
Déesse de Carthage, dont le surnom est « mère »,
Celle qui agrémentait le mesfouf des Sunnites
Et explosait les sens à quelques lieues du désert.

Demain l’air dans ta bouche d’Eretz Israel
Ses pierres bleu-vert d’Eilat ; ses lumières de fêtes
Blé, orge, raisins, figue, datte, olive et miel,
Retour sur la terre sainte, qu’arpentèrent les prophètes.

Le soleil naît à l’Est ; à l’Ouest, il s’affaiblit.
A celui de l’astre, ton trajet sera inversé,
Longeant les côtes de la Méditerranée,

Tu iras là où siège le tombeau de Marie,
Berceau du peuple juif, fertile humus de l’Homme,
Entre la lumière et les ténèbres - Shalom !
 

mercredi 2 décembre 2020

Métamorphoses

 


Te souviens-tu d’elle, la nymphe océane,
Chevelure folle, sertie d’ambres reflets,
Faisant souffler terreur et tempêtes effrénées ?
De son cœur guerrier, une fureur émane.

Papillon transformé, la révolte apaisée,
Adulte douce et calme comme une chrysalide
Mariée à des hommes, Figaro intrépides,
Elle taille dans le présent son broussailleux passé.

Quelles que soient tes formes, ancienne pécheresse,
Tu essaimes douceur et chaude volupté
Ton souffle chahuteur brûle comme l’été.

Poétesse Sappho décrirait tes caresses,
C’est ton chant et ta voix à qui je rends grâce
Mon imaginaire peint de couleurs madras





lundi 28 septembre 2020

Les plus horribles années d’une vie : à propos de CAPONE de Josh Trank

Tom Hardy dans une prestation au-delà de la bonne ou de la mauvaise

Capone, le troisième film, de Josh Trank est encore une fois consacrée aux métamorphoses du corps. Dans Chronicle et Les quatre fantastiques, il s’agissait de corps transformés par des super-pouvoirs. Mais on n’oublie pas la vision de La Chose découvrant l’abomination qu’était devenu son être dans une séquence cronenbergienne au possible. Capone parait éloigné de cet univers, puisqu’il s’agit d’un récit très librement inspiré par la dernière année de vie de Al Capone, le célèbre gangster surnommé Scarface. Mais il s’agit encore une fois d’un corps en mutation. Mais cette fois-ci pas de super-pouvoirs, ce serait même l’inverse. Victime de troubles de la mémoire et de la siphyllis, son corps n'est qu’un amas de chair difforme que le cerveau n’arrive plus à contrôler. Al Capone, enfin « Fonzo » puisqu’il est désormais interdit de l’appeler par son nom - miroir des temps glorieux -  se chie dessus indifféremment en poussant des borborygmes indéchiffrables. Cloitré dans son Xanadu, une demeure rococo peu à peu dépossédée de ses biens, il hante son habitat comme un zombie mimant machinalement les gestes du passé dans une pantomime grotesque. Josh Trank essaie de lisser le présent et les souvenirs, et filme au même niveau la réalité et les rencontres fictives entre Fonzo et certaines connaissances (un vieil ami joué par Matt Damon ; un fils illégitime né d’une précédente union). Trank ne montre jamais ce qui est vrai et faux, et va même jusqu’à créer des scènes qui ne peuvent pas être vues du point de vue du héros éponyme (par exemple Matt Dillon et une conquête dans un motel). Des scènes à priori réelles (comme son médecin dévoilant des informations confidentielles à la police en planque) ont l’air véridiques mais n’émaneraient du cerveau paranoïaque de Fonzo ? Il y a bien pourtant quelques plans « objectifs ». Quand Fonzo discute avec Matt Dillon, des plans de Linda Cardellini, qui joue sa femme, montre bien que Fonzo est seul à ce moment. Mais ces plans sont rares. Josh Trank revendique une liberté totale et ne s’embarrasse d’aucune cohérence. Passé, présent voire futur fusionnent dans la linéarité de narration. Ne plus se souvenir et bientôt mourir, c’est peut-être ne plus savoir distinguer les frontières pourtant fictives du temps. Beau film.

 

dimanche 27 septembre 2020

ELIXIR (poème)

 
J’ai consulté les médecins,
Les marabouts et oracles.
Qu’on me donne enfin ce vaccin,
Je l’attends tel un miracle.
 
Qu’il me fasse oublier ses tresses,
Je veux un élixir d’oubli,
Qui mette fin à ma détresse.
N’importe qui, je l’en supplie.
 
Ses cheveux m’impressionnent
Rêves emmêlés de l’été,
Dans l’humidité de l’automne,
Je ne les ai pas oubliés.
 
Et sa peau marmoréenne
Douce et froide comme l’albâtre,
Celui des statues romaines,
Anime mon cœur folâtre.
 
Plus belle parmi les plus belles,
Ma bouche doit pourtant se taire,
Face à l’imprenable citadelle,
Vin de l’oubli, j’en bois un verre.
 
Je garde au fond de mon âme,
Comme dans un coffre enseveli
Le riche trésor de ses charmes,
Et vogue donc, mélancolie.
 

 

 

samedi 26 septembre 2020

Pensée du jour

 

Un seul être vous manque

et tout est, des peupliers.



lundi 21 septembre 2020

BOAXEL (poème)

 
Je monte seul mon armoire IKEA
La notice spécifie qu’il faut être deux
Mais dans mon studio, nul autre que moi.
Alors, contraint, j’enfreins les règles du jeu.
 
Pleurant des larmes mornes sur mon lit défait
Les pièces éparpillées façon puzzle
A la tombée de la nuit, rien n’est fait
Mes habits, dans un carton, se désolent.
 
Sur le sol traine une clé Allen.
Que fais-tu, petit outil, devant moi ?
Tu me laisses désespéré, en émoi.
Où êtes-vous bouche, lèvres et haleine ?
 
L’armoire démembrée me scrute, impassible.
Elle n’a pas de plan pour me remonter.
Les planches indifférentes et paisibles,
Gisent devant moi d’un sommeil replet.

samedi 29 août 2020

TENET : critique

 

"Si tu avances, quand je recule, comment veux-tu que je t'encule" ?



dimanche 31 mai 2020

LES PLUS BELLES ANNEES D'UNE VIE de Claude Lelouch




Claude Lelouch, c’est cinquante ans de carrière et presque autant de films. Des films toujours libres,  des explorations de l’amour sous toutes ses formes, des œuvres qui ne ressemblent à aucune autre. Son style incomparable a innervé l’ADN du cinéma mondial, et il est difficile de ne pas voir aujourd’hui Paul Thomas Anderson, Alejandro Gonzales Inarritu, David O’Russell  et bien d’autres la trace du cinéma « Lelouchien » (puisque Lelouch a eu la chance de voir son nom transformé en adjectif). 

LES PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE est une œuvre expérimentale dans laquelle Claude Lelouch revisite son film le plus connu, UN HOMME ET UNE FEMME (Palme d’or à Cannes) et retrouve ses personnages – et ses acteurs – cinq décennies plus tard. C’est une œuvre étonnante qui ne donne pas exactement à voir ce qu’on aurait pu attendre  d’un tel projet. Pas d’atmosphère crépusculaire (façon AMOUR de Haneke) ou de nostalgie ici puisque le personnage joué par Jean-Louis Trintignant ne se souvient plus vraiment de son passé. Sa mémoire a été comme « rebootée ». Plus d’une fois on pense à la saison 3 de Twin Peaks – et pas seulement parce Monica Bellucci fait ici aussi une apparition  qui ressemble à un rêve. Lelouch utilise son acteur et son personnage comme un palimpseste sur lequel écrire un nouveau film. Il ose mélanger les images 35 mm (souvent en Noir & Blanc) de UN HOMME ET UNE FEMME avec le tournage vidéo en couleur des PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE. Il s’amuse à faire se répondre les plans, au-delà des années et des formats de tournage, comme si le cinéma avait ce pouvoir magique d’abolir le temps par la simple puissance du « collage » de deux images.

LES PLUS BELLES ANNEES est un geste artistique audacieux puisqu’il engloutit en quelque sorte le classique des classiques pour le transformer en simple matière première dans laquelle il puise pour tourner un nouveau film, qui plus est plus modeste et ne cherchant jamais à poser au chef d’œuvre. 

Lelouch pioche dans ses films comme bon lui semble et le célèbre court-métrage UN RENDEZ VOUS dans lequel il se filmait traversant Paris à toute allure est utilisé ici dans un contexte différent. Le court « documentaire » (puisque c’est un plan séquence tourné en temps réel sans autorisation ni logistique de tournage) devient dans le nouveau film un flash-back fictionnel dans la mémoire retrouvée de Jean-Louis Trintignant. 

Lelouch, jamais là où on ne l'attend. 

mercredi 27 mai 2020

mardi 26 mai 2020

MESSALINE de Vittorio Cottafavi (1959)

Cliquer pour agrandir


Disponible chez ESC éditions

dimanche 24 mai 2020

Rose




Touche la rose
Hume son parfum
Fais venir Eros
Pétales carmin

Devant la Superbe,
Folie botanique
Mais, dit le proverbe
"Qui s'y frotte, s'y pique !"

mercredi 20 mai 2020

UN REGARD



Loué soient ses seins ses fesses
La divine enchanteresse
Ma belle dulcinée, éternel Don Quichotte
Croisée rue Galilée, un air désinvolte.

Je la suis du regard, elle marche le port altier
Elle conjure le cafard, les cheveux détachés
Hypnotisé par elle, elle marche au ralenti
Je compte tous ses pas, traces couleurs rubis.

Ma trop belle Madone, de suite, arrête-toi !
Tourne ton visage vers moi, une unique fois,
Laisse tes traits marbrés, soigner mon abattement.

La sublime déesse, comme entendant mon cri
Sourd-muet de détresse, tourne la tête. Et rit.
Elle part ; je reste seul face aux moulins à vent.