jeudi 20 septembre 2012
Je suis une ville endormie
Le film commence par une explication des origines du Parc des Buttes-Chaumont. Date de création, superficie, nombre de visiteurs par an…. Une vraie fiche Wikipedia. L’image montre des dessins du parc ainsi que des archives filmées en Noir et Blanc du début du vingtième siècle. Le documentaire innervera à plusieurs reprises la fiction : par le biais d’autres images d’archives de la même époque montrant les parisiens venant se détendre ou pratiquant quelques exploits saugrenus (comme sauter en parachute du pont des suicidés 27 mètres de haut devant la mine réjouie de femme et enfant ou longer la passerelle suspendu à bout de bras). Au mitan du métrage, un psychiatre raconte l’histoire d’un homme qui, pour se rendre à son travail, traversait tous les jours le parc. A la faveur d’un déménagement, l’homme s’est mis à dépérir. Aucun médecin ne comprenait les raisons de cette dépression sévère jusqu’ç ce le psychiatre en question, étudiant, tente l’expérience de le faire revenir au parc. Et là miracle, l’homme s’est peu à peu mis à retrouver goût à la vie. Le réalisateur Sébastien Betbeder cherche donc à capter les mystères de cet endroit, les forces invisibles qui l’habitent, partant du documentaire pour arriver ensuite à suggérer la puissance fantastique du lieu, comme l’atteste une confrérie de jeunes gens qui passent leur nuit dans le parc pour capter l’énergie du parc. Betbeder navigue entre réel et imaginaire et magnifique le parc des Buttes Chaumont, le lieu devenant une sorte de sanctuaire païen, hanté par des figures marginales (dont un SDF qui parle anglais) et des chercheurs bizarroïdes. Les héros du film sont deux jeunes gens, Ana et Théo, qui le soir de leur rencontre passent la nuit dans le parc et y font l’amour. Ils deviennent obsédés par le parc, surtout Théo qui veut y passer toutes ses nuits. A mesure que cette obsession augmente, l’état physique de Théo se dégrade : il a des crises de respiration sévère et manque de mourir étouffé à plusieurs reprises. Le parc devient le seul endroit où il s’épanouit. Betbeder manie les signes : le hibou tutélaire du parc disparait à mesure que le pouvoir du parc devient destructeur. Le cabinet abandonné où les amants se retrouvent trouve une existence antérieure dans les peintures de De la tour reproduites dans le livre qu’offre Ana à Théo pour son anniversaire (notamment son célèbre « Madeleine pénitente à la flamme filante »). Le choix de l’actrice Agathe Bonitzer semble avoir été conduit par le fait que de dos, avec ses cheveux blonds vénitiens, elle ressemble à la madeleine du tableau. Pourquoi alors que ce film qui a tout pour séduire et fait preuve d’une belle ambition laisse-t-il un peu insatisfait ? Cela réside, comme dans les autres films de Betbeder, à sa difficulté à incarner ses personnages principaux. Les deux héros sont un peu falots et paraissent très conventionnels, surtout au regard du monde fantastique dans lequel ils sont plongés.
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Je suis une ville est le titre d'une chanson de Dominique A... On se souvient que dans la dernière scène de La vie lointaine, le héros chansait A capella Le Courage des oiseaux.
Je suis une ville endormie a visiblemnt été retiré de la bio officielle de Sébastien Betbeder pour être retitré Les nuits avec Théodore, visiblement une version allongé de huit minutes (67 mins au lieu de 59 min) de ce moyen métrage, présentée récemment comme un long métrage au festival de Toronto.
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