vendredi 17 septembre 2010

Hot Dreams : les deux tours

Difficile de ne pas être ému devant la dernière scène de HOT DREAMS. Oui, j’ai bien dis « ému ».

Porno de la fin de l’âge d’or, tourné en 1983, ce film signé Warren Evans (Shaun Costello) sera son dernier. C’est sous le signe de cette finitude qu’on le revoit aujourd’hui, comme on regarde les dernières scènes des derniers films tournés par les grands réalisateurs, espérant y déceler - sans doute à tort - la prise de conscience de l’artiste mettant un point final à son œuvre. Analyse infondée quand on se place du point de vue de la création (Costello devait réaliser un autre film après, mais il sniffera le budget en cocaïne), mais analyse obligé du spectateur cinéphile cherchant partout des signes évocateur de cette chose aussi indicible que Dieu qu’est l’Art - pour aller vite.

En l’état, Hot Dreams n’est peut-être pas le chef d’œuvre ultime de Costello, mais c’est une production soignée contenant son lot de plaisirs scopiques. On y trouve un des sommets de son cinéma avec la séquence située dans un salon de massage où un porteur de serviettes à la mulette blonde décolorée (une vision de l’horreur) s’occupe de l’androgyne Sharon Mitchell, de la blondinette élancée Joanna Storm et surtout de la généreuse Ana Ventura ici totalement survoltée.

Mais surtout il y a cette fin troublante. En termes de sexe, la scène n’est pas particulièrement géniale, il s’agit d’un plan échangiste à quatre sur un bateau traversant la baie de New York. Mais au moins trois choses retiennent l’attention :1- la musique. Mettre l’atmosphérique Ommadawn de Mike Oldfield sur une scène de sexe crée un contraste saisissant : on perd en désir ce qu’on gagne en sentiment du temps qui passe 2. L’espace. Dans des films où les scènes de sexe sont à 90% tournées dans des lofts, voire une scène de sexe en plein air surprend. Mieux il y a dans l’organisation des plans un soin à rendre les éléments présents : l’eau, la terre (la ville au loin), le vent (on voit vraiment le vent dans les cheveux des acteurs)… quant au feu, c’est Sharon Mitchell qui le possède ! 3. L’Histoire. En arrière plan, on ne voit que ça : les deux tours du Word Trace Center. Est-ce notre regard qui est devenu plus attentif à ces tours ? En tout elles sont au centre de chaque plan. Comme les vestiges d’une époque disparue. Il y vraiment dans cette scène la captation d’une parcelle de temps. Et c’est inestimable.

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On a demandé à Shaun Costello son avis sur ce film, voici ce qu’il nous répondit, ce jour, par mail :
« Hot Dreams n’est pas un de mes films les plus réussis pour deux raisons. D’abord je prenais tellement de cocaine que mon cerveau ne fonctionnait plus correctement. Ensuite, je ne m’occupais plus de la post-production. Sur mes deux derniers films Hot Dreams et Heaven’s touch, j’ai engagé Ron Dorfman pour les filmer et les monter. Sa photographie, sans être spectaculaire, était correcte, mais il n’avait aucun sens du rythme en terme de montage. La scène du dîner dans Hot Dreams en est l’illustration. C’est la seule scène du film que j’ai eu du plaisir à écrire, et je la voyais comme un exemple de théâtre de l’absurde. Ron n’a jamais compris qu’il fallait que les réactions soient rapides pour que la scène fonctionne, donc, au lieu d’être drôle, la scène était juste plate et ennuyeuse. Je n’ai pas non plus choisi les musiques de ces films. Ron a simplement utilisé des morceaux que j’avais déjà mis dans mes films antérieurs, pensant que le résultat ressemblerait à ce que j’avais fait avant ».

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Hot Dreams est disponible en DVD en Import, chez Pink Flamingo Entertainment.
http://www.pinkflamingoentertainment.com/

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