vendredi 22 janvier 2016

LE CHANTEUR de Rémi Lange





Rémi Lange, réalisateur de l’inoubliable journal intime OMELETTE, vingt ans déjà, continue son parcours du combattant dans la jungle du cinéma, et depuis son chef d’œuvre inaugural, il a réalisé plusieurs métrages (longs et courts) diffusés uniquement en dvd ou en festival.
Avoir les moyens des derniers Alain Cavalier ne sont pour lui pas à un frein à sa soif de cinéma. Et il a surtout décidé de ne pas mettre ses histoires en accord avec l’absence de moyen. La preuve avec Le Chanteur, un (faux) biopic construit autour de la personnalité fascinante de l’auteur-compositeur / transformiste Thomas Polly, sorte de chanteur réaliste et de variété à la fois, d’un charisme à tomber (Xavier Dolan tiens-toi bien !). Le film suit une intrigue assez classique pour le genre : ayant perdu sa mère d’un cancer, le jeune homme quitte sa province natale pour « monter à la capitale » afin de percer. S’en suivent de nombreuses galère : vie de Sdf, prostitution, rencontre avec des producteurs, découverte de l'amour fou…. Le chanteur c’est La Môme sans fards, sans maquillages hideux, sans calcul... C’est un concentré de vie et d’énergie où toutes les figures attendues ne sont pas du tout traitées comme on l’attend : la prostitution est filmée de façon détendue voire comique (géniale scène avec Philippe Barassat en client névrosé obsédé par l’hygiène et refusant le contact), les rencontres avec les SDF sont filmées avec humour – sans que le tragique de leur condition ne soit éludé. Rémi Lange donne de la grandeur aux minorités : clochards, handicapés, prostitués, homo, trans… A tel point que si ce film a quelque chose de subversif, c’est uniquement dans ce geste bienveillant d’offrir un mélodrame musical traditionnel (on voit plusieurs fois le dvd d’Une étoile est née) à ceux qui n’ont pas droit de citer habituellement.
Rémi Lange ne nous dit pas « ces gens font aussi partie du peuple », il nous dit « ces gens sont le peuple ».
Le chanteur commence et se termine par une mort, et appelle souvent les larmes. Pourtant, on en ressort les yeux brouillés mais joyeux et ragaillardi. La perte de l’innocence du spectateur nous a toujours paru un sujet tarte à la crème, pourtant, devant Le chanteur , on a l’impression de découvrir un film comme si aucun autre n’avait existé avant, aussi simple et profond qu’une chanson qu’on aime.

jeudi 7 janvier 2016

top 40 (2015)


un inédit (ancien) : Une femme dans la tourmente (Mikio Naruse)

1.      Knight of Cups (Terrence Malick)
2.      Cemetery of splendour (Apichatpong Weerasethakul)
3.      World of tomorrow (Don Herzfeld)
4.      Aloha (Cameron Crowe)
5.      Chappie (Neil Bloomkamp)
6.      Le baiser (Ovidie) 
7.      Le dos rouge (Antoine Barraud) 
8.      Tag (Sion Sono)
9.      Vue sur mer (Angelina Jolie)
10.  It follows (David Robert Mitchell)
11.   Le moral des troupes (Marcia Romano et Benoît Sabatier)
12.   Spring (Justine Benson, Aaron Moorhead)
13.  La chambre interdite (Guy Maddin et Evan Johnson)
14.  Le pont des espions (Steven Spielberg)
15. Les mots pour lui dire (Marc Lawrence)
16.   Hacker (Michael Mann)
17. Tokyo Tribe (Sion Sono)
18.   Hill of freedom (Hong Sang-soo)
19.  Inherent vice (Paul Thomas Anderson)
20.  The visit (M. Night Shyamalan)
21.  The smell of us (Larry Clark)
22.   The look of silence (Joshua Oppenheimer)
23.  Love and Peace (Sion Sono)
24.  Le bouton de Nacre (Patricio Guzman)
25.  American Sniper (Clint Eastwood)
26.  Broadway therapy (Peter Bogdanovich)
27.  Cinquante nuances de Grey (Sam Taylor-Wood)
28.  Souvenirs de la Gehenne (Thomas Jenkoe)
29. La Femme bourreau (Jean-Denis Bonan)
30.  Regression (Alejandro Amenebar)
31.  Love (Gaspar Noe)
32.  Results (Andrew Bujalski)
33.  Cendrillon (Kenneth Branagh)
34.  L'étreinte du serpent (Ciro Guerra)
35. Indésirables (Philippe Barassat)
36.  Goodnight mommy (Veronica Franz, Severin Fiala)
37.  Tangerine (Sean Baker)
38.   Creep (Patrick Brice)
39.  We’re still here (Ted Geoghegan)
40.  Il est difficile d’être un dieu (Alexei German)

Une série : Sense8 (Les Wachowski, J.M. Straczynski)
Une idée: Max passant près de la moitié Fury Road à tenter se débarrasser de sa muselière.
Une actrice : Dheepan a beau être affligeant, son actrice Kalieaswari Srinivasan est incroyable.
Une B.O. : The Duke of Burgundy (Cat’s eye)

lundi 4 janvier 2016

Fondation against directors who don’t do shit on their shooting (à propos de MIA MADRE)




Mia Madre raconte le quotidien d’une cinéaste en plein tournage mais confrontée à l’hospitalisation de sa mère ainsi qu’à divers tracas de la vie quotidienne (la machine à laver qui fuit, les devoirs de sa fille à surveiller). Le matin, avant de partir sur le tournage, elle doit régler un problème au téléphone faisant attendre son chauffeur. Le soir elle va chercher son acteur principal, joué par John Turturro à l’aéroport et l’emmène à son hôtel. Elle ne manque jamais de visiter sa mère mourante à l’hôpital. Quand elle arrive sur le plateau le matin, le plan a déjà été préparé par l’équipe et tout juste voit on la cinéaste s’énerver parce qu’il n’est pas conforme à ce qu’elle voulait. Bref pendant que les caméras tournent, la vie continue. On me dira même que c’est le sujet du film, celui d’une femme qui ne parvient plus vraiment à être au monde tant la confusion s’est installée dans sa vie.

Nanni Moretti s’y connait évidemment plus que nous sur le quotidien d’un réalisateur en tournage, et celui de son personnage, c’est sans doute aussi le sien comme metteur en scène. Après tout, il tourne ses films là où il habite, à Rome, donc, le soir après une journée de travail, il doit rentrer chez lui, et le week-end, il a du temps pour vaquer à ses activités.

N’empêche ça fout un coup à notre vision -sans doute adolescente- , du réalisateur en mode guérilla sur le plateau. Certes on ne demande pas à un cinéaste que chaque tournage se passe comme celui d’Apocalypse Now pour que son film soit réussi, mais on ne peut s’empêcher de se remémorer la fausse pub des Nuls moquant la publicité Petrolan sur laquelle on voyait le réalisateur d’un film prendre le temps chaque matin de se laver les cheveux avec le fameux shampoing. Chabat, Lauby & cie avaient fait appel à Sam Raimi, Luc Besson et James Cameron pour dire que « franchement, sur si un tournage a un réal a le temps de se faire des lotions" c'est qu'il ne branle rien.





Qu’on ne se méprenne pas : il n’y a sans doute pas de bonne ou de mauvaise façon de réussir son film (ou de le rater). Mais on n’a pu s’empêcher en visionnant le dernier Moretti de se dire que si Mia Madre était si fade, ce n'était pas étranger à cette façon de faire des films entre deux portes. 

PS:  Ne pas se faire de lotion chaque matin avant de tournage n'est pas non plus une garantie de faire ds bons films. La preuve avec Luc Besson.





dimanche 3 janvier 2016

10 / 2000-2015


Silencio de F.J. Ossang

Les films rêvés (Eric Pauwels) 
INLAND empire (David Lynch) 
Rachel McAdams (A la merveille, Passion, Aloha, True Detective S.2) 
Sex addict (Frank Henenlotter) 
Disneyland, mon vieux pays natal (Arnaud Des Pallières) 
L’âge atomique (Héléna Klotz)
Silencio (F.J. Ossang)   
Cemetery of Splendour, Phantoms of Nabua (Apichatpong Weerasetakhul) 
Le baiser (Ovidie) 
Veronica (Griffin Dune), in My Movie project
   Bonus : The Circle (Yuri Seltzer)

Passion de Brian De Palma

vendredi 1 janvier 2016

La vie rêvée

Clara Furey dans LA CHAMBRE INTERDITE 


Beauté exquise que la fille de Lewis Furey et Carole Laure, inoubliable en Margot-de-la-jungle dans les films rêvés de Guy Maddin et Evan Johnson (presque aussi beaux que ceux d'Eric Pauwels).

Le film idéal pour terminer cette triste année en bonne compagnie, celle des fantômes du cinématographe.

Ces nuits canadiennes sont plus belles que nos jours.