mercredi 15 août 2012

Holy Motors ; Holy Paris


Les lieux de tournage de Holy Motors, en vrai.

- Le talent de Carax serait-il essentiellement musical ? La première moitié de Holy Motors, passée la magnifique introduction, parait laborieuse, dépourvue des fulgurances de mise en scène dont Carax a le secret. Il suffit de comparer la partie Monsieur Merde au Père Lachaise avec Merde à Tokyo pour mesurer la déperdition qualitative. Toute la première partie du film est quasi dépourvue de musique. Et les plans de Carax, sans la musique pour les accompagner, paraissent inhabités, en deça de l'ambition affichée. Le brio du cinéaste éclate pourtant à la faveur de l'entracte, fabuleux plan séquence suivant Lavant rejoint par une dizaine de musicens entonnant un morceau de blues, Let my baby ride de R.L. Burnside, version accordéon de façon enflammée. Quelles autres scènes retient-on de Holy Motors ? La chanson de Kylie Minogue bien sûr, déchirante. Lavant rentrant chez lui au son de "Revivre" de Manset (c'est la première fois qu'une chanson du grand Gérard est ainsi utilisée dans un film). "On croit qu'il est midi, mais le jour s'achève. Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve". Impossible de ne pas avoir le frisson. Un prologue, trois scènes mémorables, après tout cela suffit à faire de Holy Motors un film inoubliable.


- Quel plaisir que de flaner dans Paris en ce mois d'août, dans ce qui constituent les lieux de tournage de Holy Motors. Paris y est utilisé comme un décor de cinéma majestueux englobant quasi totalement l'univers  du film. Et dans ce Paris déserté, on se sent comme un voyageur arpentant sa propre ville.


- En voyant Holy Motors, on a beaucoup pensé à la bande-dessinée de Blutch Pour en finir avec le cinéma. Les singes, Piccoli, le voyage dans le cinéma...



- Une pensée ce jour pour Katerina Golubeva auquel Holy Motors est dédié.



jeudi 2 août 2012

Les obsèques de Chris Marker


Guillaume-en-Egypte, apporté par Agnès Varda, au crématorium du Père Lachaise

Chris Marker s'en est allé nous laissant orphelin.

J'ai rêvé longtemps de le rencontrer, je lui avais même demandé naïvement il y a quelques années de pouvoir le voir. Marker avait décliné, mais sympathiquement, en prodiguant quelques bons conseils au passage.

Etrange que la première fois que je m'approche de lui, c'est pour toucher son cercueil.

Ses obsèques ont eu lieu ce jour, au crématorium du Père Lachaise.

Parmi les gens présents pour lui rendre un dernier hommage, on a pu reconnaître la muse de Marker, l'inoubliable héroïne de de Level 5, Catherine Belkhodja,  Agnès Varda, Marina Vlady, Alexandra Stewart, Arielle Dombasle, Yves Simon, Isild Le Besco, Maïwenn Le Besco, Pierre L'Homme, Lolah Bellon, Kim Shapiron, Florence Dauman, Costa-Gavras et Romain Gavras, Noel Simsolo, Bernard Eisenchitz, Jimmy Glasberg, Thoma Vuille (M. Chat)... mais aussi beaucoup de proches n'ayant pas forcément de liens directs avec le cinéma.

La cérémonie fut simple : Catherine Belkhodja lut un beau texte écrit de sa main, dans lequel elle évoquait l'éloignement de Marker ces derniers temps, parti en traitement à l'hôpital, duquel il donnait de rares nouvelles mais envoyait des photos des jolies intérimaires qui s'occupaient de lui. Marker, homme secret, était vraisemblablement resté discret sur sa maladie.  

Arielle Dombasle, élégante sylphide dans son pantalon et son corset noirs chanta a capella une chanson en espagnol.

Alexandra Stewart lu un extrait de THE HOLLOW MEN de TS Elliot.

Noel Simsolo dit "Chris m'appelait parfois et me demandait "Où peut on trouver un magasin qui vende du temps"".

Une jeune femme émue cita le propos de Remo Forlani "Marker c'est l'homme invisible en plus discret".

La danseuse contemporaine Maroussia Vossen se lança dans une danse triste autour du cercueil.

Isild Le Besco dit "Tu vas nous manquer".

Catherine Belkhodja revint pour dire "Toutes les fautes sont pardonnables, sauf les fautes d'orthographe" (sic).

Un grand quadragénaire lut un poème en russe.
Costa-Gavras remercia le docteur qui s'était occupé de lui ces six derniers mois.

Et de la vodka au poivre, apportée par la réalisatrice Claude Bagoë-Diane, fut offerte à tous les gens présents à la mémoire de Chris.

Chris Marker est mort dimanche dernier, le jour de son anniversaire, chez lui, devant ses ordinateurs.

"J'ai essayé de jouer au jeux de Marienbad l'autre jour. Au bout de quelques coups, l'ordinateur m'a laissé un message. "J'ai déjà gagné, mais on peut continuer à jouer si ça vous amuse".  La Mort pourrait dire ça.."
LEVEL 5

(merci Ororo)